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Diminuer l'empreinte carbone d'un vol en faisant payer plus cher le billet d'avion, réel engagement ou pur greenwashing? "C'est le consommateur qui paye"

Les compagnies aériennes proposent désormais de diminuer l'empreinte carbone de votre voyage en échange de quelques euros. Leur promesse, investir dans des projets en faveur du climat pour compenser. Alors réel engagement ou tromperie des consommateurs ? 

Une petite semaine à Lisbonne au départ de Bruxelles. Classe éco, classe affaires et pourquoi pas classe économie green. Un ticket vert plus durable pour quelques dizaines d'euros supplémentaires.

"Oui j'y crois, oui. Je pense que c'est quelque chose de très positif", estime une voyageuse. "Ça ne solutionnera peut-être pas l'ensemble des problèmes, mais c'est quelque part responsabiliser les gens qui prennent l'avion", ajoute un autre.

Prendre l'avion tout en gardant bonne conscience. Cette compagnie aérienne nous le promet. Ce billet vert compense l'empreinte carbone de notre voyage par des investissements pour le climat.

"Cette compensation est obtenue en utilisant 20% de carburant d'aviation durable, donc le SAF, et 80% en contribuant à des projets de protection du climat de grande qualité. On a des audits externes chaque année, donc différentes compagnies viennent vérifier que les projets de compensation sont effectués", détaille Nico Cardone, porte-parole de Brussels Airlines

En 2023, seuls 3% des voyageurs ont opté pour ce voyage durable. La compagnie ne communique pas en revanche sur l'argent récolté et investi.

Ce collectif d'associations environnementales reste sceptique. L'économie de carbone que promet ce genre de projet serait largement surestimée.

"Quand on compense son carbone, on ne compense que la moitié de l'effet climatique qu'on a. Donc, ce qu'on compense, c'est vraiment ce qui est brûlé par le pétrole qu'on a mis dans l'avion, mais l'impact sur le climat qu'a un avion, c'est le double de ça", explique Eva Joskin, chargée de mission climat-énergie au sein de Canopea, fédération des organisations environnementales en Wallonie. 

Quant à la promesse de carburants alternatifs à base de déchets organiques ou d'électricité verte, ce serait une douce utopie. "C'est pas vraiment réaliste. Donc oui, ça va nous aider à atteindre nos objectifs, mais aujourd'hui et dans le futur les quantités qu'on peut avoir de ces fuels restent vraiment très loin du compte pour satisfaire la demande aujourd'hui de prendre l'avion", ajoute l'experte.

Du greenwashing pour Testachat

Alors réel engagement ou hypocrisie des compagnies aériennes ? Pour les défenseurs des consommateurs, il y a tromperie : "On parle de greenwashing et donc les compagnies aériennes, presque toutes. Dans notre échantillon, nous avons 17 compagnies, et ces 17 compagnies s'adonnent à ce type de pratiques qui nous paraissent trompeuses et donc illégales. Et donc c'est vraiment pour essayer de se donner bonne conscience, mais en attendant, c'est le consommateur qui paye", dénonce Jean-Philippe Ducart, porte-parole de Testachats. 

La Commission européenne vient de leur donner raison. Aux États membres désormais de sanctionner ou non ces pratiques.

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