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Gabriel Ringlet, théologien et prêtre, se dit choqué par les déclarations du pape sur l'avortement, qu'il juge "incompréhensibles". Il critique également l'absence de réponse aux questions soulevées lors de la visite pontificale à Louvain, notamment sur la place des femmes et des minorités.
Gabriel Ringlet, vice-recteur aux affaires étudiantes de 1988 à 2001 et prorecteur chargé des affaires régionales, de la culture et de la communication de 2001 à 2008. n'a pas mâché ses mots en réagissant aux propos tenus par le pape François lors d'un vol de retour, où le souverain pontife a comparé les médecins pratiquant l'IVG à des "tueurs à gages".
"Je suis absolument scandalisé et c'est un faible mot", déclare-t-il. Habitué à travailler aux côtés de médecins confrontés aux questions de l'avortement et de l'euthanasie, il exprime son admiration pour leur travail. "Ce qu'ils font est absolument remarquable, avec beaucoup de délicatesse à l'égard des personnes concernées", affirme-t-il.
Cependant, c'est sur le plan théologique que Ringlet semble le plus affecté. "Je trouve encore plus grave que le pape s'écarte complètement de la morale de la complexité. Dans la théologie catholique elle-même, on sait que la transgression est légitime lorsque nous sommes au pied du mur."
Selon lui, les propos du pape ne prennent pas en compte la complexité des situations auxquelles les professionnels de santé sont confrontés, ajoutant que "ces propos sont absolument incompréhensibles pour moi et imbuvables".
Une rhétorique excessive ?
Pour Gabriel Ringlet, le pape aurait pu exprimer son désaccord sur l'avortement de manière moins virulente. "D'affirmer qu'il est contre l'avortement, c'est une chose. Parler de tueurs à gages, c'est un excès", juge-t-il.
Selon lui, un débat au sein de l'Église est possible, et même souhaitable, mais il déplore ce qu'il considère comme une "stratégie politique" de la part du pape. "Un chef spirituel qui fait un calcul politique parce qu'il craint que dans le propre pays où il se trouve, cela ne pose problème, je ne trouve pas que ça justifie et que ça allège, ça aggrave encore la décision."
Une visite marquée par des silences
Au-delà de cette déclaration sur l'IVG, Ringlet critique aussi l'absence de réponse du pape à des questions importantes posées lors de sa visite à l'université de Louvain. Il souligne l'effort des étudiants, chercheurs et professeurs qui avaient préparé pendant six mois un discours interpellant le pape sur des sujets tels que la place des femmes dans l'Église et les droits des minorités sexuelles.
"Le pape avait le discours de Louvain. On ne peut pas dire qu'il a été pris par surprise. Il pouvait dialoguer avec ce que nous lui disions. Non. Une réponse préfabriquée, qui est tout à fait à côté du questionnement."
Toutefois, Gabriel Ringlet reconnaît certains points positifs dans les prises de position du pape, notamment sur les abus sexuels dans l'Église et l'avenir de la planète. "Ce qu'il a dit à propos des abus sexuels, ça, c'est solide. Mais sur d'autres sujets, il aurait dû aller beaucoup plus loin."
Tensions entre le pape François et l'UCL
L'Université catholique de Louvain (UCL) a réagi fermement aux déclarations du pape François sur le rôle des femmes dans la société, marquant un désaccord profond avec le souverain pontife. "La femme est accueil fécond, soin et dévouement vital. C'est moche lorsque la femme veut faire l'homme", a affirmé le pape lors d'un discours.
Des propos qui ont immédiatement suscité la publication d'un communiqué de l'UCL dénonçant une vision "déterministe et réductrice" de la femme. Ce document n'a pas manqué de faire réagir le chef de l'Église catholique.
En réponse à cette critique, le pape François a exprimé son mécontentement, estimant que la réaction de l'université belge avait été préméditée : "Ce communiqué de l'université a été fait pendant que j'étais en train de parler. Il a été préfabriqué et cela n'est pas moral", a-t-il déclaré.
Le pape a ensuite ajouté que ce qu'il qualifie de "féminisme extrême", où la femme adopterait une "attitude masculine", n'était pas acceptable : "Si le masculinisme est problématique, le féminisme l'est aussi", a-t-il précisé.
L'Université souhaite clore la polémique
De son côté, l'Université catholique de Louvain semble vouloir mettre fin à cette polémique. La direction a refusé de rencontrer les médias pour commenter davantage l'incident et a exprimé son souhait de ne plus prolonger ce débat.
Toutefois, cette position souligne le malaise persistant entre le Saint-Siège et l'institution belge. Ce différend intervient à l'issue de la visite du pape en Belgique, un événement dont les coûts sont estimés à environ 3 millions d'euros.
Une conclusion qui laisse un goût amer aux autorités locales, qui auraient sans doute espéré une issue plus positive à cette rencontre.