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Des travailleurs des secteurs de l'horeca, du nettoyage et du gardiennage manifesteront à Bruxelles ce mardi pour de meilleures conditions de travail. Ce mouvement aura notamment des répercussions sur les aéroports du pays.
Environ un millier d'agents de nettoyage, de sécurité et de travailleurs de l'horeca venus de toute l'Europe se rassembleront mardi à midi sur la place Jean Rey à Bruxelles, dans le quartier européen, pour réclamer des conditions de travail décentes et des salaires équitables. Ils demandent notamment la modification des règles de l'Union européenne en termes de marchés publics.
"C'est une mobilisation européenne sur les marchés publics. La réforme sur les marchés publics doit être revue. C'est inacceptable que l'on vise toujours le prix le plus bas au détriment des critères sociaux des travailleurs. Les répercussions sont un salaire plus bas et des conditions de travail déplorables", déplore Aurélie Carette, responsable sectoriel national à la CGSLB avant de poursuivre. "L'action de demain concerne les travailleurs du nettoyage, du gardiennage et de l'horeca, mais les marchés publics peuvent avoir des répercussions sur d'autres secteurs".
De 6h à 9h, on a parfois plus de 100 bureaux à faire
"Mon quotidien, c'est de me lever très tôt pour nettoyer plus d'une centaine de bureaux", témoigne une technicienne de surface du parlement européen à visage couvert. "On a très peu d'heures, mais on nous demande de tout faire en peu de temps. On termine plus tard en courant, en transpirant, en stressant. De 6h à 9h, on a parfois plus de 100 bureaux à faire. Les sanitaires, les tapis, les escaliers, ... Et quand il y a des absents, il faut parfois dépanner les collègues. Ca nous met une pression, une fatigue en fin de semaine. Et je ne gagne pas plus que 1.500€ par mois. C'est très peu pour ce qu'on fait".
Dans le secteur depuis une trentaine d'années, Hayat note que la situation s'est dégradée. "Cela empire de plus en plus car il y a beaucoup de concurrence. Beaucoup de sociétés baissent leurs prix et on en paie le prix. On se fait contrôler, mais en si peu de temps et avec une si grande charge de travail, on n'y arrive pas", déplore-t-elle.
"Malheureusement, l'exemple d'Hayat, on le retrouve partout. Nous on se bat pour que de nouvelles règles soient établies pour les marchés publics car on sait qu'ils sont la référence pour le privé", explique Abdelkarim Makhoukh, permanent syndical à la centrale alimentation et services, CSC.
Une manifestation européenne
La manifestation rassemblera les travailleurs belges et ceux d'au moins huit autres pays européens (France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Italie, Espagne et Finlande), ainsi que les syndicats européens. "Ces décisions se prennent au niveau de l'Europe et on aimerait agir là-dessus. Demain, on aimerait que lors d'un nouveau marché, le prix ne soit plus le seul critère de sélection, mais que le bien-être au travail et les conditions de travail comptent aussi. On demande toujours de la qualité, mais ça a un prix", ajoute le syndicaliste.
La moitié des appels d'offres publics dans l'UE sont attribués uniquement sur la base du prix le plus bas
Selon les recherches du syndicat européen UNI Europa, "la moitié des appels d'offres publics dans l'UE sont attribués uniquement sur la base du prix le plus bas, souvent en raison de règles de passation de marchés qui favorisent le prix le plus bas". Or, "les normes créées par les marchés publics influencent les salaires et les conditions de travail dans l'ensemble du secteur privé", expliquent les syndicats.
Les préavis de grève déposés dans les secteurs du gardiennage, du nettoyage et de l'horeca auront un impact important sur les aéroports du pays. La quasi-totalité des vols au départ de Brussels Airport seront en effet annulés mardi, alors que l'aéroport de Charleroi tournera au ralenti avec de nombreux vols annulés et un temps d'attente aux contrôles étendu.