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Coupés du monde: les "zones blanches", ces villages wallons où le réseau n'existe presque pas

Pour ces élections communales, notre série "En pleine campagne" s'intéresse à différentes thématiques concrètes et quotidiennes. Ce dimanche, direction Clavier, à 40 minutes de Liège. Les habitants du village d’Ama vivent sans Internet ni réseau téléphonique, dans un calme absolu. Mais à quel prix ? Notre équipe de RTL Info est allée rencontrer ces Belges complètement coupés du monde. 

À 40 minutes de Liège, dans la petite commune de Clavier, les habitants du village d’Ama vivent d’une manière particulière. Ici, il n’y a ni Internet, ni réseau téléphonique. C’est le calme absolu, en pleine campagne. Mais à quel prix ? Notre équipe de journalistes de RTL Info est partie à la rencontre de ces Belges entièrement coupés du monde.

La galère au quotidien

En chemin, nous rencontrons Fabian, qui tente de regarder un match de football. Toutes les 5 secondes, l’image se fige. "Quand je veux voir un match, je dois aller chez un ami ou au café du coin. C'est le seul moyen pour moi d’éviter les coupures, les interruptions ou l’image figée", nous confie ce passionné de foot.

Ces coupures ne facilitent la vie de personne dans la famille. Virginie et son fils n’ont jamais réussi à terminer un film. "Là, ça va encore, mais parfois ça charge longtemps. Finalement, on regarde 3 à 4 minutes du film, et on rate une bonne partie du suspense", explique Virginie. Pour téléphoner, c’est également compliqué. Fabian doit sortir de chez lui et trouver un point en hauteur. Une fois l’endroit trouvé, il ne peut plus bouger d’un centimètre, sous peine de perdre le réseau.

Tout se fait sur Internet. 

Ce problème n’est pas un cas isolé. Les voisins rencontrent les mêmes difficultés. Huguette, 90 ans, nous montre sa pièce "secrète", le seul endroit où elle peut communiquer. "J’ai seulement ce téléphone fixe pour rester en contact. Sans lui, ce serait impossible", dit-elle.

Comme Huguette, la plupart des habitants ont appris à vivre avec ces contraintes. Mais dans les autres villages de la commune, les problèmes de réseau commencent à agacer. "En quatre mois, nous avons dû faire venir trois fois un technicien à cause des problèmes de connexion Internet", raconte une résidente, qui utilise Internet quotidiennement. "Toutes les transactions bancaires se font en ligne, les réservations aussi. Pour l’école et le travail, on nous demande de participer à des réunions en ligne."

Surtout en Wallonie 

La Wallonie est particulièrement touchée par ce phénomène, surtout dans les communes rurales. En 2022, 120.000 foyers étaient concernés par des problèmes de réseau. C’est un enjeu difficile à défendre lors des campagnes politiques. Moderniser les infrastructures dans des zones reculées coûte très cher et n’est pas toujours rentable, surtout pour les opérateurs.

À Saint-Fontaine, toutefois, une lueur d’espoir. Après deux ans de travaux, la connexion Internet des habitants devrait bientôt se stabiliser. Dans la commune, le bourgmestre a déjà investi des dizaines de milliers d’euros pour améliorer les raccordements. Pour les élections d’octobre, il promet à ses 5.000 habitants de poursuivre ses efforts. Mais il rappelle aussi que c’est ça, le charme de la campagne : la déconnexion totale.

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