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Cette année, les nuages ont été très, voire trop, présents dans le ciel selon de nombreux Belges. En effet, nous en sommes à 11 mois au-dessus de la moyenne des précipitations. Fin septembre, on pourrait passer le cap des 12 mois et les nuages y sont pour quelque chose… Mais ceux-ci n’apportent pas que de la pluie.
Doux comme la ouate, menaçants, monumentaux, en nuances de gris ou colorés… Les adjectifs ne manquent pas pour décrire les nuages, toujours uniques et changeants. Ils donnent également du relief au ciel. Fascinants, ils captivent Marie-Rose, originaire de Flénu, qui les photographie chaque jour. "Depuis toute jeune, j'ai la tête dans les nuages. Je les ai toujours photographiés et admirés. Je les trouve fantastiques, qu'ils annoncent la pluie ou l'orage. Cela m’apporte énormément de bonheur de contempler ces véritables tableaux impressionnistes !", confie la passionnée.
C'est la poésie quotidienne
Un bonheur qu'elle partage sur les réseaux sociaux avec plus de 2 000 Borains, amoureux des nuages et touchés par la beauté éphémère du ciel. Jacques, par exemple, trouve dans les nuages une source d'inspiration : "Les nuages, c’est de l’émotion. Ils sont fugaces et prennent toutes les formes possibles. C'est un véritable exercice d’imagination. C’est extraordinaire." Stephen Vincke, photographe professionnel et créateur du groupe "Borinuages", souligne quant à lui l'importance de les observer : "On ne les regarde plus. On sort, on prend un parapluie et on ne lève même plus les yeux. Pourtant, les nuages, c’est de la poésie quotidienne."
Les nuages en guise de repères
Mais les nuages ont aussi une fonction pratique, notamment pour le vol à voile, qui permet de planer sans moteur, hormis au décollage. Vincent Lebrun, instructeur, en fait la démonstration : "À droite, on voit quelques petits cumulus se former. On ressent déjà une première secousse, signe qu’on approche d’une zone d’ascendance. On est comme aspiré par le nuage en dessous de nous." Dans le ciel, les nuages servent de repères. Lorsqu'il fait humide, le soleil réchauffe des bulles d’air chaud qui montent et forment des nuages. "Cet air chaud nous pousse vers le haut, nous permettant de prendre de l'altitude. Si vous regardez au-dessus, il y a un cumulus. Il nous permet de monter à une vitesse de 1, 2, 3 m/s, soit la vitesse d'un ascenseur." Les pilotes suivent ces "ascenseurs" du ciel, des guides éphémères qui ne durent que 10 à 20 minutes. "On essaie d’imiter les oiseaux. Eux, ils ont l’instinct. Nous, on essaie de compenser," précise Etienne Durieu, instructeur de vol à voile à l’ASBL CAP Vol à Voile.
Quand les nuages s'alignent en "rue", les pilotes peuvent parcourir des distances impressionnantes, parfois jusqu'à 1 000 km en un seul vol plané.
Notre rôle, c'est de les interpréter.
À l'Institut royal météorologique, les nuages sont une véritable source d’étude. "Nous les aimons tous, mais notre rôle est de les interpréter. Certains, comme les cumulus ou cumulus nimbus, annoncent des orages, et c’est notre travail de les suivre pour lancer des avertissements," explique Georges Carpentier, prévisionniste à l’IRM.
Il existe une centaine de combinaisons de nuages, mais nous en connaissons peu. Certains sont même exceptionnels, comme l’arcus ou l’asperitas, observé en Belgique en juin. Certains nuages peuvent peser jusqu’à 100 000 tonnes et atteindre plus de 10 km de hauteur. L’année 2024 est d’ailleurs marquée par une abondance de nuages, avec 11 mois consécutifs de précipitations supérieures à la moyenne. "C’est une année chaude, donc l’atmosphère contient davantage de vapeur d’eau, ce qui favorise la formation de nuages. Cette tendance semble se confirmer depuis quelques années," ajoute Georges Carpentier.
Les nuages créent des rencontres ici-bas. Ils rassemblent des communautés, attirent des passionnés, et fascinent les scientifiques.