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Les Jeux Paralympiques de Paris s'ouvrent ce soir par une cérémonie qui se déroulera en dehors du stade. La cavalière de dressage Manon Claeys et le joueur de tennis en chaise roulante Joachim Gérard porteront le drapeau belge, représentant une délégation de 29 athlètes qui œuvreront dans 11 sports.
Les Jeux Paralympiques de Paris s'ouvrent ce soir à 20h00 par une cérémonie qui, comme celle des Jeux Olympiques, se déroulera en dehors du stade. Elle conduira les représentants de 184 pays à la Concorde et sur les Champs-Élysées, avec comme fil directeur l'inclusion, pour un spectacle appelant à sortir des "clichés héroïsants", selon le directeur artistique Thomas Jolly.
La cavalière de dressage Manon Claeys et le joueur de tennis en chaise roulante Joachim Gérard porteront le drapeau belge, représentant une délégation de 29 athlètes qui œuvreront dans 11 sports. Leur objectif sera de faire mieux qu'à Tokyo il y a trois ans où la Belgique était revenue de la capitale nippone avec 15 médailles, 4 en or, 3 en argent et 8 en bronze.
En juin dernier, le joueur de tennis le plus titré de l'histoire, Joachim Gérard, est revenu sur son incroyable parcours.
RTL info : Dans votre biographie qui s'intitule "Revers gagnant", écrite avec le journaliste Emmanuel de Bièvre, vous y racontez tout, à commencer par la maladie qui a causé la paralysie de votre jambe droite. Vous êtes l'un des derniers Belges à avoir contracté la polio. C'était à l'âge de dix mois et, malgré cela, vous l'écrivez dans le livre, vous vous êtes toujours considéré comme un sportif. Comment expliquez-vous cela ?
Joachim Gérard : C'est grâce à ma famille, qui m'a toujours poussé à faire comme eux, malgré la petite différence que j'avais. Très vite, avec mon grand frère, qui a deux ans de plus que moi, on a commencé à jouer au tennis de table à la maison. C'était un peu le boom du tennis de table avec Jean-Michel Saive qui faisait de grands résultats à l'époque. Il a d'ailleurs préfacé le livre. Donc oui, j'ai commencé par suivre ma famille, mon frère. Et puis, au fil des années, j'ai essayé une liste de sports inimaginables.
Au départ, le tennis ne faisait pas forcément partie de vos plans. Il y avait le tennis de table et la natation aussi. Vous pensiez d'abord vous lancer en compétition dans la natation ?
Oui, j'en ai fait. J'avais même les minima pour participer aux championnats du monde, si je me souviens bien, à l'âge de 17 ans. Jusqu'à mes douze ans, je faisais surtout de la natation. À cet âge-là, j'ai subi une opération à ma jambe paralysée. Et suite à ça, je suis resté six mois avec des broches. Il m'était donc impossible d'aller à la piscine. C'est à ce moment-là que j'ai essayé le tennis, et je ne regretterai jamais ce choix d'avoir simplement essayé.
Vous avez mentionné le joueur de tennis de table, Jean-Michel Saive. C'était votre idole quand vous étiez enfant ? Qu'est-ce que ça fait de le connaître personnellement maintenant, et qu'il écrive la préface de votre biographie ?
Comme je le dis dans mon livre, c'est finalement la seule idole que j'ai eue. Aujourd'hui, je ne peux pas dire que je suis fan de quelqu'un en particulier. J'admire les sportifs et toutes ces personnes qui font des choses incroyables dans la vie, mais je n'ai pas d'idole. À présent, il fait partie de mes amis, ce qui me fait énormément plaisir. Et pas seulement pour le joueur de tennis de table qu'il est, mais aussi pour l'homme incroyable qu'il est.
Dans le livre, vous racontez votre progression en tennis en fauteuil roulant. Vous détaillez de nombreux matchs importants de votre carrière. Vous êtes-vous replongé dans les archives, ou aviez-vous vraiment tout cela en tête, jusqu'aux scores exacts de chaque rencontre ?
Oui, j'ai une bibliothèque de mes matchs en tête. J'ai une bonne mémoire, surtout pour les chiffres. Je retiens assez facilement les détails. Dans le livre, on parle surtout des matchs des Jeux paralympiques, qui sont parmi les plus importants. J'ai disputé près de 1.000 matchs en simple et 600 à 700 en double sur le circuit international. Évidemment, je ne me souviens pas de tous, mais je garde en mémoire les plus marquants, notamment ceux des Jeux paralympiques, où je dispute une dizaine de matchs tous les quatre ans, donc cela reste facilement en mémoire.
Votre palmarès est très impressionnant. Vous avez été classé numéro deux mondial, numéro un pendant un court instant, vous avez remporté plusieurs Masters et une médaille de bronze aux Jeux paralympiques. Quelle est votre plus belle victoire ?
Comme je l'ai dit, je ne suis pas particulièrement fan d'une victoire en particulier. Elles sont toutes magnifiques. J'ai été champion du monde par équipe en juniors en 2005-2006, j'ai gagné deux Grands Chelems en simple et quatre en double, et ma première victoire internationale a été incroyable. Chaque victoire a un souvenir différent, un moment différent. Je ne suis pas matérialiste. Par exemple, ma médaille de bronze des Jeux de Rio, je ne l'avais plus sortie d'un tiroir jusqu'à il y a une semaine, parce que je vais bientôt déménager. Tous ces trophées et ces médailles sont rangés quelque part, mais ce sont surtout les souvenirs qui comptent pour moi, ceux qui sont gravés dans mon cœur et dans mon esprit.
Vous avez mentionné les Grands Chelems. Cela a longtemps été un blocage, puis il y a eu cette victoire en Grand Chelem à l'Open d'Australie. La clé pour vous, comme vous l'écrivez dans le livre, c'était le mental. C'est un élément crucial dans le tennis ?
Oui, dans le tennis, mais aussi dans tous les sports et dans la vie de tous les jours. Et mes résultats, qui sont assez constants, en sont la preuve. J'ai accompli de grandes choses, mais j'ai aussi fait de très mauvaises performances. Comme je l'explique dans mon livre, le mental a été mon point faible et reste encore un défi, même si je me suis beaucoup amélioré. C'est à la fois une force et une faiblesse tout le temps.
À l'approche des Jeux de Paris, comment est votre mental ?
Il est très bon. J'ai des objectifs bien définis. Mon objectif est de remporter la plus belle des médailles, la médaille d'or. Maintenant, encore une fois, il faut rester réaliste. Actuellement, les numéros un et deux mondiaux sont vraiment au-dessus, mais je sais que je suis capable de les battre, et cette année sera un bon moment pour le faire.
Qu'allez-vous faire après les Jeux Paralympiques ?
Après, je vais terminer l'année, puis l'année prochaine sera ma dernière sur le circuit international avant de prendre ma retraite. Je pense que j'aurai fait le tour, même si je n'aurai peut-être pas atteint tous mes objectifs. J'aurai eu une très belle carrière, et il sera temps de tourner la page du tennis professionnel.
Avez-vous déjà réfléchi à ce que vous aimeriez faire après votre retraite sportive ?
C'est une bonne question. Je ne me suis pas encore vraiment posé dessus. J'ai une liste incroyable de choses différentes que je pourrais faire. C'est d'ailleurs pour cela que je prends une année supplémentaire jusqu'à la fin 2025, pour avoir le temps de réfléchir et prendre plus de plaisir sur le terrain et lors des tournois, même si je vais me donner à fond jusqu'au bout. Pourquoi ne pas encore accrocher un ou deux Grands Chelems, voire plus, d'ici fin 2025 ? En-tout-cas, entre-temps, j'aurai d'autres idées pour l'après-carrière.