Partager:
Carlos Sainz Jr a offert à Ferrari sa première pole à Austin, pour le Grand Prix de F1 des Etats-Unis, et s'élancera devant Max Verstappen, dont l'équipe Red Bull, qui peut pourtant remporter le titre des constructeurs, a vécu un samedi noir.
L'Espagnol, auteur du meilleur chrono (1:34.356), a devancé son coéquipier Charles Leclerc, mais le Monégasque ne partira pas avec lui sur la première ligne. Pénalisé de dix places, après l'installation de nouvelles pièces sur son unité de puissance, il s'élancera à la 12e place, selon la grille provisoire communiquée par les organisateurs.
Du coup, c'est Verstappen, vainqueur l'an passé dans le Texas et auteur du 3e chrono des qualifications, qui en a profité et pourra directement mettre la pression sur Sainz Jr, lequel voulait profiter de la 3e pole de sa carrière, sans se faire trop d'illusions pour dimanche.
"C'était très amusant, très délicat aussi avec les rafales de vent. J'ai réussi à faire un bon tour sans commettre d'erreurs. Mais les Red Bull restent favoris car ils ont généralement le meilleur rythme en course", a-t-il commenté.
Lewis Hamilton (Mercedes), septuple champion du monde, s'élancera de la 3e position. Le Britannique, qui aimerait décrocher une première victoire en 2022, pour l'honneur, sur le circuit des Amériques où il s'est déjà imposé quatre fois entre 2014 et 2017, a lui aussi profité d'un déclassement.
Celui de Sergio Pérez (Red Bull), auteur du 4e temps, mais pénalisé de cinq places (9e) pour un changement de moteur au-delà du quota autorisé.
Red Bull orphelin
Ce week-end à Austin devait être l'occasion d'une fête pour l'écurie britannique, deux semaines après le deuxième sacre consécutif de Verstappen au Japon. Car les chances sont réelles de la voir remporter le 5e titre des constructeurs de son histoire (depuis 2005). Plusieurs scénarios sont possibles, le plus simple étant que ses pilotes finissent devant ceux de Ferrari.
Mais la journée de samedi a apporté son lot de malheurs pour Red Bull, qui a appris le décès à 78 ans de son cofondateur et propriétaire, l'Autrichien Dietrich Mateschitz.
"C'est une nouvelle difficile pour tout le monde, pour Red Bull et pour le sport, et pour moi en particulier", a réagi Verstappen.
"Nous avons manqué la pole de peu, mais nous allons essayer de gagner la course pour lui", a ajouté le Néerlandais, qui pourra, s'il s'impose, égaler le record de 13 victoire dans une saison, copropriété des Allemands Michael Schumacher et Sebastian Vettel. Performance à relativiser car le championnat comptait alors moins d'épreuves.
"C'est très, très triste (...) Beaucoup d'entre nous doivent lui être reconnaissants pour les opportunités qu'il a offertes, la vision qu'il avait", a dit Christian Horner, patron de Red Bull.
En quelques heures, il a dû gérer deux moments médiatiques très compliqués, puisqu'il venait de répondre aux questions des journalistes à propos de l'affaire qui agite tout le paddock depuis une dizaine de jours, concernant le dépassement du plafond budgétaire pour la saison passée, constaté par la Fédération internationale de l'automobile.
Horner "consterné"
D'ordinaire très à l'aise, il est apparu fébrile, peinant à se défendre face aux accusations de tricherie, conséquemment exprimées par le patron de McLaren Zack Brown, une opinion partagée par la majorité des autres équipes.
Selon la FIA, Red Bull a commis une "violation mineure", soit moins de 5% de la limite fixée à 145 millions de dollars et encourt "une pénalité financière ou sportive".
Jeudi, l'instance a d'ailleurs formulé une proposition de sanction à l'équipe, qui peut refuser l'accord. En ce cas l'affaire sera portée devant le comité d'arbitrage compétent ("Cost Cap Adjudication Panel").
Selon le média allemand Auto, Motor und Sport, la sanction consiste en une réduction de 25% du temps total en soufflerie - étape importante de la préparation d'une voiture sur le plan aérodynamique - pour la saison prochaine, ainsi qu'une amende financière. Mais pas de déduction de points rétroactive.
"Nous sommes en pleine procédure, nous espérons boucler ce dossier. A ce moment-là, nous pourrons expliquer pourquoi nous pensons que nos dépenses sont tout à fait conformes", a déclaré Horner.
"Ce plafond est tout nouveau. Un ensemble compliqué de règlements financiers sujets à différentes interprétations", a-t-il plaidé, ajoutant: "Nous ne pensons pas avoir commis d'erreur".
La présence à sa droite de Zak Brown a finalement donné lieu à un échange glacial.
"Le terme de tricherie nuit énormément à la marque, à nos partenaires, à nos pilotes, à notre personnel. Des enfants de nos employés sont victimes d'intimidation à l'école. Nous sommes consternés par le comportement de nos concurrents", a dénoncé Horner.
"Lorsqu'on a plus d'argent que les autres, il est pourtant clair qu'on bénéficie d'un avantage", a persisté Brown.