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C'est un coup de gueule collectif assez inhabituel: l'ensemble des fédérations de pouvoirs organisateurs de l'enseignement, tant du libre que de l'officiel, ont dénoncé vendredi d'une même voix "le manque de concertation" de la ministre de l'Education Valérie Glatigny (MR), malgré sa promesse de consulter le secteur.
Depuis son entrée en fonction en juillet dernier, la libérale a déjà annoncé plusieurs changements au sein du monde scolaire: interdiction du GSM, réforme des rythmes annuels, gel des mesures de gratuité scolaire, instauration d'une nouvelle épreuve externe en 3e primaire, ainsi que différentes mesures d'économies, notamment dans l'enseignement qualifiant.
Autant de mesures pour lesquelles les différents réseaux disent n'avoir pas été consultés, et ce en pleine contradiction avec la promesse de concertation contenue dans l'accord de majorité, dénoncent en choeur les fédérations de pouvoirs organisateurs de l'enseignement officiel subventionné (CECP et CPEONS) et libre (FELSI et SeGEC) ainsi que Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE, ex-Communauté française).
Une "déviation de la trajectoire définie"
Quant aux mesures d'économies spécifiques au qualifiant, les fédérations de pouvoirs organisateurs y voient une "rupture unilatérale" des principes énoncés par le gouvernement lui-même, ainsi qu'une "déviation de la trajectoire définie par le Pacte (pour un enseignement d'excellence) qui prévoit déjà des économies importantes", rappellent-elles
"Lors du comité de négociation, nous avons remis un avis défavorable sur ces diverses mesures et nous avons même demandé le retrait de ces articles du décret-programme afin qu'une concertation digne de ce nom puisse avoir lieu", commentent vendredi les PO. "Ces mesures non concertées compromettent d'emblée la réforme systémique de l'enseignement qualifiant, de l'enseignement pour adultes et de la formation professionnelle annoncée dans la déclaration de politique communautaire", ajoutent-ils.
Mécontents de l'attitude de la ministre, les fédérations de pouvoirs organisateurs disent toutefois ne pas vouloir quitter la table des discussions: "Nous demandons juste de garder le cap et la temporalité fixée par le Pacte d'excellence". "Notre engagement envers le Pacte d'excellence est clair: nous y contribuons activement depuis 2017, et nous demandons que le gouvernement respecte ce cadre de dialogue, indispensable à la réussite des élèves et au bien-être des équipes éducatives", insistent les fédérations.
Cette sortie conjointe des pouvoirs organisateurs intervient alors que les syndicats enseignants ont appelé leurs affiliés à la grève mardi prochain, ici aussi pour dénoncer les réformes et économies programmées par la nouvelle majorité MR-Engagés en Fédération Wallonie-Bruxelles pour l'enseignement.
Le mécontentement envers le gouvernement semble unanime dans le monde de l'école. Dans un communiqué distinct vendredi, la fédération des associations de directeurs de l'enseignement secondaire catholique (FEADI) exprime sa "sidération" face aux mesures programmées par la majorité pour l'enseignement qualifiant.
"La perte de 3% du nombre d'heures organisables, la disparition de 7es qualifiantes et le refus de subsidiation et de diplomation d'élèves majeurs ajoutés aux mesures déjà prises par le précédent gouvernement, mettent à mal certains établissements dont certains pourraient devoir envisager la fermeture dès l'année prochaine", avertit l'association que représente 400 directions d'écoles secondaires catholiques en Wallonie et à Bruxelles.
La réponse de la Ministre
La ministre de l'Éducation, Valérie Glatigny (MR), a rejeté vendredi soir les reproches de manque de concertation adressés par les fédérations de pouvoirs organisateurs de l'enseignement à son encontre.
Le cabinet de la ministre assure que plusieurs rencontres entre ces fédérations, l'administration et la ministre ont bel et bien eu lieu pour discuter des accompagnements possibles face aux mesures dans le cadre du budget 2025. "Il n'est donc pas correct de dire qu'il n'y a pas de concertation", se défend Valérie Glatigny.
Celle-ci ajoute que les mesures annoncées s'inscrivent "dans la philosophie du Pacte (pour un enseignement d'excellence) mis en œuvre depuis 2017, à savoir mettre un terme au rénové qui multipliait les options et mieux piloter l'enseignement qualifiant". "Il n'y a donc rien de neuf ici", assure encore la ministre.