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Vladimir Poutine a prononcé un discours inquiétant. Il estime, entre autres, que le conflit ukrainien est devenu mondial et qu'il se réserve le droit de frapper les pays qui fournissent des armes aux Ukrainiens. Faut-il dès lors prendre ces menaces au sérieux ? Analyses et explications.
Une prise de parole qui a duré moins de dix minutes. D'un ton solennel, le président Poutine annonce qu'il pourrait frapper les pays qui ont fourni des armes à l'Ukraine, des armes utilisées contre la Russie, en référence aux missiles américains et britanniques.
"Je recommande aux élites de ces pays qui pourraient utiliser leur contingent militaire contre la Russie, d'y réfléchir sérieusement. Je l'ai déjà signalé à plusieurs reprises, le conflit en Ukraine - provoqué par l'Occident - a pris le caractère d'un conflit mondial", a déclaré Vladimir Poutine. Ce dernier assure qu'il est prêt à tous les scénarios.
Il confirme que l'armée russe a bien utilisé hier un nouveau type de missile hypersonique à moyenne portée sur la ville de Dnipro dans l'est du pays. L'image de vidéosurveillance de cette attaque n'a pas été formellement identifiée. Mais selon le chef du Kremlin, le missile, capable d'atteindre sa cible à moins de 3 km par seconde, est invincible.
Les États-Unis disent avoir été informés de ce tir expérimental de Moscou. Le Pentagone exprime son inquiétude, mais relativise. Alors que l'Europe évoque une escalade claire dans le conflit, le Président ukrainien appelle la communauté internationale à réagir au plus vite.
Faut-il craindre une guerre mondiale ?
Ce n'est pas la première fois que Vladimir Poutine brandit la menace nucléaire. Le chef du Kremlin l'a déjà fait à plusieurs reprises devant les caméras de la télévision d'État.
"En fait, il ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes puisque ce conflit est d'une certaine manière, qu'on le veuille ou non, internationalisé depuis le début. L'Ukraine reçoit en effet un appui militaire et financier des États-Unis et de l'Europe, tandis que la Russie reçoit une aide de la Chine, de l'Iran et de la Corée du Nord", explique ainsi Alain de Nève, chercheur au centre d'étude de sécurité et de défense.
En réalité, Poutine tente de mettre une pression psychologique
La globalisation du conflit est donc, certes, à prendre au sérieux, mais pas de quoi s'affoler. "Des gens appellent ça une escalade, mais en réalité, Poutine tente de mettre une pression psychologique", affirme Keir Gile, expert et auteur. "Je pense que c'est plus un signal politique qu'un signal militaire qu'il veut envoyer", ajoute Alexander Graef, expert à l'Institut pour la paix et la sécurité.
Une course aux armements
Et pourtant, Moscou a utilisé hier un missile conçu pour transporter des ogives nucléaires. Une arme d'autant plus dangereuse qu'elle est quasiment impossible à arrêter. "Nous devrions nous inquiéter dans le sens où cela montre simplement que nous sommes au milieu d'une course aux armements concernant différents types de missiles", souligne Alexander Graef.
Alain de Nève est catégorique : "Il n'y a actuellement, en Europe, aucun système de défense anti-missiles qui peut intercepter ce type de missiles, sauf ceux qui sont détenus par les Américains et les Israéliens".
"Il ne semble pas que l'existence de ce missile ait déjà été signalée, mais ça ne signifie pas que les services de renseignement occidentaux ignorent son existence. Il se peut qu'il n'ait tout simplement pas rendu public ce qu'ils ont déjà découvert", ajoute Keir Gile.
Fort de ces avancées sur le front, Moscou déclare avoir fait échouer les plans militaires de l'Ukraine pour toute l'année 2025. Le président ukrainien, lui, devrait être à Bruxelles la semaine prochaine pour évaluer la situation avec l'OTAN.