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Derrière ses couleurs éclatantes et ses motifs vibrants, le wax cache une histoire fascinante et complexe. Justine Sow, journaliste et autrice de la bande dessinée "Wax Paradoxe" , publiée chez Bayard Graphic', explore cette richesse culturelle à travers le parcours de Sophia, une étudiante bruxelloise en quête de ses origines.
Souvent perçu comme un symbole de l’Afrique, le wax est en réalité issu d’un métissage culturel. Il trouve ses origines en Indonésie, où une technique ancestrale de teinture à la cire était utilisée pour créer des motifs sur tissu. À la fin du XIXᵉ siècle, les colons hollandais s’emparent de ce procédé et l’industrialisent, avant de le proposer aux marchés africains. Le wax devient alors un élément incontournable des garde-robes et des traditions africaines, bien que son origine ne soit pas purement locale.
"La particularité du wax, c'est que le dessin apparaît sur les deux faces du tissu", explique Justine Sow. "Si vous achetez un wax et que vous constatez que le dessin n’apparaît que sur une seule face, vous savez que ce n’est pas un vrai wax fait selon les règles de l'art".
Un tissu chargé de symboles
Bien plus qu’un simple textile, le wax véhicule des messages et des émotions qui peut varier d'un pays africian à l'autre. Selon les motifs et les couleurs, il peut marquer des événements de vie : naissance, mariage, deuil… "Certains wax portent un nom et une signification précise", détaille l'autrice. "Par exemple, un motif peut signifier 'ouvrir son cœur', ça a été une dénomination qui a été donnée par certaines Africaines dans certains pays et donc il y avait toute une connotation vraiment affective et émotionnelle derrière ce tissu".
Ce tissu est principalement adopté par les femmes, qui lui attribuent une portée culturelle et sociale. Il devient un moyen d'expression, un héritage transmis de génération en génération.
Une quête identitaire tissée dans l’histoire
À travers sa BD, l’auteure illustre la quête d’identité d’une jeune métisse, un parcours qu’elle lie à la complexité culturelle du wax lui-même. Justine Sow confie avoir voulu établir un parallèle entre le tissu aux origines multiculturelles et les défis identitaires que peut ressentir une personne métissée : "Comment on répond à la fameuse question “qui suis-je” quand on est une personne métissée ?"
Si l’histoire de Sophia est fictive, elle s’inspire en partie des expériences personnelles de Justine Sow et de nombreux témoignages : "Il y a potentiellement une quête identitaire qui est permanente". Des thèmes comme le racisme ordinaire, parfois même au sein du cercle familial, y sont abordés également abordés : "C'est la particularité du racisme vécu d’une part au sein de sa propre famille (...). C'est très difficile à vivre", souligne Justine Sow.
Une BD entre récit intime et transmission culturelle
Loin d’être une simple BD documentaire, "Wax Paradox" séduit par son approche narrative et ses personnages attachants. Pour éviter un ton explicatif trop austère, Justine Sow, qui a écrit et dessiné l’ouvrage en quinze mois seulement, a fait le choix d’incarner les problématiques actuelles et passées dans une histoire personnelle et émouvante. Elle raconte : "Ce que je voulais, c'est vraiment proposer un récit intime avec des personnages attachants".