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Le parquet de Strasbourg en France a requis lundi le renvoi aux assises pour assassinat de Jean-Marc Reiser, qui a reconnu avoir tué en septembre 2018 l'étudiante strasbourgeoise Sophie Le Tan, mais le sexagénaire, niant toute préméditation, pourrait contester son éventuelle mise en accusation.
"Le Procureur de la République près le Tribunal judiciaire de Strasbourg, par réquisitoire définitif de ce jour transmis au juge d'instruction, a requis la mise en accusation de Jean-Marc Reiser devant la Cour d'assises du Bas-Rhin du chef d'assassinat, pour les faits commis le 7 septembre 2018 sur Sophie Le Tan", a annoncé Laurent Guy, procureur adjoint de Strasbourg, dans un communiqué.
Il n'avait absolument pas formé le dessein de porter atteinte à la vie de cette jeune femme
En revanche, "un non-lieu partiel pour les faits d'enlèvement et séquestration a en outre été requis", a ajouté le magistrat. Une fois qu'ils auront reçu notification de ces réquisitions, les avocats ont dix jours pour adresser des observations à la juge d'instruction chargée du dossier. Celle-ci doit ensuite rendre une ordonnance de renvoi, qui peut être conforme ou non aux réquisitions du parquet.
"Evidemment que Jean-Marc Reiser va vouloir contester l'éventuelle mise en accusation" pour assassinat si la juge suivait les réquisitions du parquet, a d'ores et déjà prévenu l'un de ses avocats, Me Francis Metzger. "Dans ses toutes dernières déclarations (...), il a bien évidemment tenté d'établir, de démontrer (...) que ce qui s'est déroulé dans son appartement n'avait aucun caractère prémédité, il n'avait absolument pas formé le dessein de porter atteinte à la vie de cette jeune femme", a-t-il ajouté.
"Phase de rage"
Sophie Le Tan avait disparu le 7 septembre 2018, jour de ses 20 ans, alors qu'elle se rendait à Schiltigheim, au nord de Strasbourg (France), pour visiter un appartement.
Auteur de la petite annonce immobilière, Jean-Marc Reiser, 60 ans désormais, avait été arrêté quelques jours plus tard, alors que des traces de sang volontairement effacées avaient été retrouvées dans son appartement, ainsi que l'ADN de l'étudiante sur une scie dans sa cave. Le squelette incomplet de Sophie Le Tan a été retrouvé en forêt en octobre 2019, mais ce n'est qu'en janvier dernier que Jean-Marc Reiser, seul et unique suspect, a cessé de nier sa responsabilité et avoué le meurtre.
Il a en revanche affirmé qu'il n'avait pas prémédité son geste, évoquant, selon les mots de son avocat en janvier, "être entré dans une phase de rage" alors que la jeune femme repoussait ses avances.
Procès début 2022 ?
"Jean-Marc Reiser a dit que tout s'était passé dans son domicile et qu'il n'y a pas eu enlèvement ou déplacement de la personne ailleurs que dans l'endroit où elle s'était rendue", a rappelé Me Metzger, qui, de ce fait "ne s'étonne pas" du non-lieu partiel requis pour les faits d'enlèvement et de séquestration.
Une longue reconstitution s'était déroulée mi-février à Schiltigheim, au cours de laquelle le suspect avait été interrogé sur ses agissements dans son appartement, ainsi que dans la cave de l'immeuble, et les différentes scènes du crime. Les réquisitions du parquet sont "une étape judiciaire importante car le procès se rapproche", a estimé Me Gérard Welzer, avocat des parents de Sophie Le Tan. "La famille (de Sophie) souhaite que le procès se tienne le plus vite possible", a-t-il ajouté, tablant "raisonnablement" sur un procès au premier trimestre 2022. "A partir du moment où la juge rend son OMA (ordonnance de mise en accusation), la loi prévoit que le procès doit se tenir dans un délai d'un an", a rappelé Me Welzer.
S'il est jugé pour assassinat conformément aux réquisitions, Jean-Marc Reiser, déjà condamné par le passé pour viols, encourt la réclusion à perpétuité.