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L'homme d'affaires Philippe Bodson s'est éteint à l'âge de 75 ans, victime du nouveau coronavirus. La famille du Liégeois a annoncé son décès samedi au journal Le Soir.
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Philippe, André, Eugène Bodson est né à Liège le 2 novembre 1944. C'est dans la Cité ardente qu'il suit ses humanités chez les Jésuites, au Collège Saint-Servais, avant de décrocher un diplôme d'ingénieur civil métallurgiste de l'Université de Liège. Il parachève ses études en France avec un master of Business Administration de l'INSEAD de Fontainebleau.
Le goût de l'entreprise, Philippe Bodson l'a probablement hérité d'un père fondateur et gérant d'une distillerie.
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Après quelques expériences professionnelles à l'étranger, le Liégeois devient consultant pour le groupe MacKinsey Co Paris (1969-1972), puis fondé de pouvoir pour la Banque Paus Frankfurt Saint-Louis (USA), de 1972 à 1977. Mais surtout, il entre en 1977 chez Glaverbel (désormais AGC Glass Europe) dont il intègre le comité de direction et devient, en 1980, administrateur délégué et directeur général. Il va présider parallèlement une série d'organisations liées au secteur du verre comme la Fédération de l'industrie du verre (1981-1984) ou le Groupement européen des producteurs de verre plat (1986-1988). En 1987, le dirigeant d'entreprise est élu "manager de l'année". En 1989, Philippe Bodson quitte Glaverbel, après plus d'une décennie au sein du groupe verrier, pour une autre grande entreprise: Tractebel. Ce fleuron de l'économie belge est alors aux mains de la Société générale de Belgique (40%) et de la holding GBL d'Albert Frère (24,5%) qui revendra en 1996 sa participation à la Société générale. Depuis l'échec de la tentative d'OPA de Carlo De Benedetti sur la Société générale en 1988, "la vieille dame" de l'économie belge est elle-même aux mains du holding français Suez et d'actionnaires associés belges. À la tête de Tractebel, Philippe Bodson transforme ce holding presque centenaire aux participations hétéroclites en un véritable groupe industriel doté d'une stratégie articulée autour de plusieurs pôles: l'électricité et le gaz en Belgique et à l'étranger (Electrabel, Distrigaz, Powerfin), la communication (Coditel), les installations techniques et les services aux collectivités (Fabricom), l'immobilier (Compagnie immobilière de Belgique) et l'ingénierie (Tractebel Ingénierie). Le chef d'entreprise s'attèle également à développer les activités de Tractebel à l'étranger. Selon ses plus proches collaborateurs, l'arrivée de Philippe Bodson à la tête du holding ressemble alors à celle du prince charmant dans "La belle au bois dormant". La stratégie d'expansion internationale de Philippe Bodson va toutefois connaître des revers, comme au Kazakhstan. Elle finira par s'opposer aux ambitions de Suez et de son patron, le Français Gérard Mestrallet. Il va plaider pour le maintien de l'ancrage belge, s'attirant les foudres des actionnaires français.
En mars 1999, il remet sa démission en guise de protestation, empêché de fusionner Tractebel avec Electrabel. Une semaine seulement après avoir démissionné de son poste chez Tractebel, Philippe Bodson franchit le Rubicon qui le sépare de la politique et se présente à la cinquième place de la liste PRL-FDF-MCC aux élections de 1999. Celles-ci déboucheront sur la mise à l'écart des sociaux-chrétiens flamands (CVP) et francophones (PSC) et la mise en place d'un gouvernement "arc-en-ciel". Lors des élections législatives du 13 juin 1999, il est élu sénateur libéral (PRL). Au cours de ses années d'activité, Philippe Bodson collectionne une kyrielle de mandats d'administrateurs d'entreprises, parmi lesquels Belref, Louis De Waele, la Compagnie immobilière de Belgique (Immobel), la Société générale de Belgique, Diamant Boart, BarcoNet, BT Belgium. Mais c'est chez Fortis et Lernout & Hauspie qu'il va assister à deux des débâcles d'entreprise les plus médiatisées dans le passé récent de la Belgique. Ce passionné de marche sera aussi le "patron des patrons belges", président de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) de 1987 à 1990. Choisi à la présidence de la Fondation pour l'Architecture (1995), il est encore administrateur de la Fondation pour l'Entreprise (1995). Le baron assumait également la fonction d'administrateur de la Fondation polaire. Il s'est éteint à l'âge de 73 ans, succombant à une infection par le nouveau coronavirus.