Accueil Actu Vos témoignages

La bonne affaire était en réalité une terrible arnaque: des clients de ce concessionnaire ont perdu des milliers d'euros

Un site internet qui ressemble comme à deux gouttes d'eau à celui d'un concessionnaire, mais avec des prix cassés: les clients ont été nombreux à tomber dans le piège.

C'est une arnaque bien ficelée dont a été victime le concessionnaire Le Centre Automobile, qui possède trois showrooms dans la région de Charleroi, La Louvière et Thuin. Et ce sont des clients qui en ont payé le prix.

Un site internet créé par des fraudeurs a été créé en copiant parfaitement celui du concessionnaire. Les malfrats allaient jusqu'à reprendre les mêmes photos de voitures afin de faire les mêmes annonces, avec des prix nettement plus alléchants

"On a quelqu'un qui est venu parce qu'il avait vu l'annonce pour une Volkswagen Arteon de 50.000 km à 19.900 euros. Quand il est venu pour la voir, on lui a expliqué que c'est une arnaque parce qu'on a cherché dans le système et on n'a pas trouvé la voiture", explique Morgan De Ridder, qui gère une des concessions.

La désillusion est rude pour le client, car cette voiture est vendue à 39.990 euros, bien loin de l'annonce qu'il a vue, et surtout parce qu'il a déjà déboursé de l'argent... "Les clients payaient un acompte pour réserver le véhicule et quand ils arrivaient chez nous pour dire qu'ils ont payé une partie ou la totalité du véhicule, on devait leur annoncer la mauvaise nouvelle que la voiture n'était pas chez nous et que c'était une arnaque", déplore-t-il encore. 

Le concessionnaire a reçu jusqu'à trois appels par jour de citoyens arnaqués de plusieurs milliers d'euros par ce faux site Internet.

Méfiance maximale 

Il faut dire que la fraude était extrêmement bien montée. Les fraudeurs utilisent les données des concessionnaires pour créer des annonces factices à des prix irréels. "Ils envoyaient une facture avec nos coordonnées, notre numéro de TVA, notre adresse postale, mais leur numéro de compte. C'est comme ça qu'on se retrouve avec des clients qui paient des acomptes et qui viennent pour voir des véhicules dont on ne connait pas l'existence", détaille Jérôme Warte, le directeur de la concession. 

Les autorités mettent en garde contre ces arnaques, qui touchent également d'autres secteurs tels que la vente de pellets ou la location d'appartements. Le moindre détail doit attirer l'attention des consommateurs. "Ça peut être un simple caractère qui change dans le nom de domaine, des messages qui vont apparaître dans votre navigateur ou des prix qui sont trop beaux pour être vrais", avertit Michele Rignanese, porte-parole du centre pour la cybersécurité en Belgique. 

Les sites frauduleux sont souvent hébergés à l'étranger, ce qui complexifie les enquêtes. Les victimes sont invitées à être vigilantes.

Des poursuites compliquées

Suite à plusieurs plaintes, le site en question a été rendu inaccessible. Cependant, si fermer un site est assez simple, les enquêtes qui suivent sur de telles affaires sont complexes et demandent des moyens humains importants. "On met beaucoup de moyens en place. Tout dépend du préjudice. Si on parvient à arrêter le site assez tôt dans les faits et que le montant du préjudice n'est pas trop élevé, il se peut que le magistrat décide de ne pas poursuivre. Par contre, si on se rend compte que les préjudices sont importants, le magistrat peut décider de poursuivre", explique de son côté Chritophe Axen, de l'unité régionale de lutte contre le crime en ligne de la police fédérale judiciaire de Liège. 

Les sites frauduleux sont souvent hébergés à l'étranger, ce qui complique les enquêtes. Cependant, le principal problème reste le manque de moyens humains. "Il faut s'imaginer que, sur le bureau du juge d'instruction, il y a des dossiers de viols, d'attentats, de meurtres... Et que ce type de délinquance financière n'est malheureusement pas toujours prioritaire parce qu'on voit bien qu'au niveau des effectifs policiers et des expertises, ça demande beaucoup de personnel", rappelle l'avocat pénaliste Antoine Chomé. 

L'an dernier, près de 47.000 signalements ont été recensés en Belgique, avec un total de 40 millions d'euros détournés par des fraudeurs.

À lire aussi

Sélectionné pour vous