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S'il y a un moteur qui fait parler de lui, c'est bien le 1.2 PureTech qui équipe des dizaines de milliers de voitures des marques Peugeot, Citroën, DS et Opel. L'usure de la courroie de distribution peut causer de nombreuses pannes, allant d'une consommation excessive d'huile à une casse moteur. C'est ce qui est arrivé à Julien, qui nous a contactés via le bouton orange "Alertez-nous". Son moteur s'est arrêté au milieu de l'autoroute, mais son garagiste ne peut pas prendre en charge le remplacement. Explications.
En 2012, le groupe PSA (Peugeot-Citroën) lance le moteur 1.2 PureTech sur une Peugeot 208, avec une particularité désormais bien connue: une courroie de distribution partiellement immergée dans l'huile. Depuis, d'autres modèles de la marque ont aussi été équipés de cette motorisation, tout comme des véhicules Citroën, DS ou Opel. Si l'objectif principal était de diminuer la consommation de carburant, ce procédé a surtout conduit à de gros problèmes de fiabilité. De nombreux propriétaires constatent une surconsommation d'huile, une perte de puissance ou, pire, une casse moteur. La faute à de petites particules de la courroie qui se détachent, encombrent le moteur et empêchent son bon fonctionnement.
C'est ce qui est arrivé à Julien, qui a vu son véhicule, une Opel Grandland X, s'arrêter au milieu de l'autoroute. "J'étais sur le chemin du retour pour récupérer mon fils aîné à son camp scout, il y avait aussi mon épouse et mon fils cadet dans la voiture. Et d'un seul coup, un message d'erreur s'est affiché sur l'écran et la voiture s'est mise en sécurité, plus rien ne fonctionnait. C'est comme si le frein moteur s'était mis en route et elle s'est arrêtée. Heureusement, j'étais sur la bande de droite et il n'y avait personne derrière moi parce que j'ai juste eu le temps de me mettre sur la bande d'arrêt d'urgence. J'ai totalement éteint le véhicule et après quelques minutes, je l'ai redémarré. Ensuite, j'ai pu faire 30 kilomètres, jusqu'en bas de ma rue, et elle s'est de nouveau éteinte. Ce sont des voisins qui m'ont aidé à la pousser jusque chez moi", raconte-t-il.
Ils m'avaient dit qu'il n'y avait pas encore de risque
Julien est d'autant plus étonné de cette panne que sa voiture n'était pas vieille, un peu plus de deux ans, relativement peu kilométrée, 60 000 kilomètres, et que l'entretien prévu à 50.000 kilomètres avait été effectué deux mois auparavant. "Ils m'avaient dit que ma courroie de distribution commençait à s'abîmer et que je souffrais du problème des moteurs 1.2 PureTech, mais qu'il n'y avait pas encore de risque", justifie-t-il.
Aucune prise en charge de la part de la marque
Naturellement, notre alerteur se tourne donc vers son garagiste, mais celui-ci refuse de prendre en charge les réparations nécessaires. Le groupe Stellantis (né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler Automobiles) a mis en place un plan d'entretien auquel il applique une tolérance de trois mois et 3.000 kilomètres. Dans le cas présent, un retard d'entretien de 4.000 kilomètres était bien réel, mais Julien peut l'expliquer. "Je me suis rendu au garage dès que le voyant s'est allumé, mais on m'a dit qu'il n'y avait de place dans aucun garage agréé avant plus de deux mois. J'étais commercial indépendant, je roulais pas mal, mon véhicule était un outil de travail", justifie-t-il avant d'annoncer qu'il a dû arrêter cette activité complémentaire faute de moyen de transport.
Nous avons contacté le garage en question qui confirme que les délais pour obtenir un rendez-vous sont importants. "Dans pas mal de garages, nous avons de longs délais, mais les clients le savent. Ils ne doivent pas attendre que leur voyant s'allume, sinon, ça peut être trop tard, surtout pour quelqu'un qui roule beaucoup".
Des explications qui ne convainquent pas Martin Favresse, avocat spécialisé en circulation routière. "Le professionnel, c'est le garagiste. Le client n'est pas censé connaître les délais du garage. Cela me semble un peu facile de la part du garagiste", éclaircit-il, tout en précisant qu'il est difficile de s'exprimer sur un tel dossier.
Des proches de Julien lui ont conseillé de lancer une procédure pour récupérer des dommages et intérêts, mais tout ce qu'il souhaite, c'est "que le moteur soit réparé", ou remplacé, ce qui coûterait la moitié du prix neuf de la voiture. Ce à quoi il faut ajouter d'autres frais qui subsistent comme l'assurance, les taxes et le crédit, sans oublier la perte financière liée à l'arrêt de son activité complémentaire.
Le groupe Stellantis, lui, a procédé à des modifications sur son moteur. Les nouvelles générations sont soit dotées d'une chaîne de distribution, soit de la courroie de distribution en caoutchouc, mais avec quelques améliorations.