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La nuit de vendredi à samedi a été agitée à Oupeye où Domenico, un conducteur d'un quad, a été abattu vendredi en fin d'après-midi par un policier après en avoir écrasé et blessé un autre. Cela a donné lieu à des tensions entre les jeunes de la commune et les forces de l'ordre. Des tensions qui se sont manifestement poursuivies pendant la nuit.
Ce samedi soir, les autorités craignent de nouvelles émeutes. "Un certain nombre d'éléments et d'informations nous sont revenues. Il y a un risque qui n'est pas nul d'avoir à nouveau des débordements", s'est exprimé Serge Fillot, le bourgmestre, en direct dans le RTLinfo 19H. En réaction, plusieurs décisions ont été prises. "On a autorisé les fouilles systématiques de véhicules. La polie a toute autorité pour pouvoir procéder à ce type de fouilles systématiques. Nous avons fait appel aussi à d'autres zones de police et des renforts de l'extérieur. Du matériel va être prépositionné à Oupeye dans des endroits sensibles", a précisé l'élu socialiste. Une interdiction de rassemblement de plus de quatre personnes a également été décidée pour tout le territoire communal.
On a tous envie de connaître la vérité
Le bourgmestre nous a confié sa tristesse: "Très triste, très attristé des faits tragiques qui sont arrivés hier. Et attristé par le déferlement de violence auquel nous avons assisté hier soir à l'encontre des policiers dans notre commune, qui est une commune très très calme". Le mayeur souhaite rapidement faire la lumière sur les faits. "Il est clair qu'on s'interroge tous et qu'on a tous envie de connaître la vérité, savoir ce qui s'est passé, pouvoir calmer les esprits. Plus vite l'enquête avancera et permettra de faire la lumière sur les événements, je pense que ça fera du bien à tout le monde, à Oupeye, pour la famille, et pour les amis de la personne qui est décédée", a indiqué Serge Fillot.
Rappel des émeutes survenues la nuit de vendredi à samedi
Plus tôt ce samedi, au matin, le bourgmestre réagissait aux émeutes survenues: "Je n'ai jamais vu ça à Oupeye, ce sont de véritables scènes de guérilla urbaine et d'émeutes auxquelles on a assisté. On ne voit ça que dans des grandes villes ou au journal télévisé, et on a vécu ça dans un village de 6.000 habitants. Ce sont les policiers qui ont directement été visés, avec la mise en place de pièges pour tenter de piéger les policiers et de s'en prendre aux hommes, l'utilisation de cocktails molotovs, pour venger la mort du jeune homme décédé ce vendredi".
Les policiers ont notamment dû faire usage d'autopompes et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, et les pompiers sont intervenus pour éteindre des débuts d'incendie. "Les faits se sont déroulés entre 22h et 3h du matin et se sont concentrés autour du château d'Oupeye, identifié comme le centre du pouvoir dans la commune. Il n'y a pas de policiers blessés, mais les hommes sont choqués", précise encore le bourgmestre.
Samedi matin, le calme était revenu dans la commune. Des équipes étaient à pied d'œuvre pour dégager les routes jonchées de débris divers. Serge Fillot, bourgmestre d'Oupeye, craint de nouvelles tensions pour ce samedi soir: "Nous allons prendre d'autres mesures pour les heures à venir. En espérant que les esprits puissent un peu s'aplanir et revenir au calme. Davantage de sérénité aussi par respect pour le deuil de la famille." Selon le bourgmestre, un certain nombre d'informations circulent dans le sens de nouvelles scènes de chaos. "Nous avons déjà contacté d'autres zones de police pour faire face aux événements qui auraient lieu."
Rappel des faits
Une personne a été touchée mortellement par le tir d'un policier vendredi aux alentours de 16h30 à Oupeye. Des rumeurs ont fait état de tirs dans le dos de l'homme sur le quad. Vendredi soir, le parquet de Liège communiquait les premiers éléments sur les faits. Le procureur démentait la version d'un tir dans le dos. "On sait que les services de police repèrent un conducteur de quad qui conduit de manière dangereuse. Ils décident de l'interpeller et de le contrôler, comme cela se fait habituellement. C'est un contrôle de routine qui finit par mal tourner, puisque le conducteur du quad, au moment où les policiers essaient de l'interpeller, va foncer sur les policiers. C'est en tout cas les premiers témoignages qui nous donnent cette version. Il va renverser un des deux policiers, qui se retrouve sous le quad, et son collègue va faire feu à ce moment-là", indiquait Damien Leboutte, procureur de division à Liège.
Suite aux faits survenus dans la rue Perreau, les deux policiers ont été emmenés à l'hôpital. "Le premier pour blessure physique, et le second en état de choc suite au coup de feu qu'il a dû tirer", précise le procureur. Quant au conducteur du quad, il est décédé sur les lieux et le SMUR envoyé n'a rien pu faire.
Un dossier à charge du policier ouvert suite à l'utilisation de l'arme de service
Un médecin légiste s'est rendu sur place, ainsi qu'un expert balistique, un expert automobile et le laboratoire de la police fédérale. "L'enquête est en cours et le système judiciaire a pris le relais", indique Damien Leboutte. L'objectif est de déterminer les circonstances exactes des faits. "Nous avons un policier qui va devoir être entendu en tant que suspect. C'est le principe: à partir du moment où un policier va faire usage de son arme, et encore plus dans le cas du décès d'une personne, on ouvre un dossier à charge du policier parce qu'il faut qu'on fasse la clarté sur ce qu'il s'est réellement passé", confie ce vendredi soir le procureur. Le dossier est entre les mains du Comité P. C'est le Comité permanent de contrôle des services de police, encadré par le parlement fédéral.
L'autopsie est prévue lundi. Les devoirs d'enquête classiques sont en cours, tels que les enquêtes de voisinage et l'utilisation des caméras potentiellement présentes à proximité.