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Un procès très dur s'est ouvert ce matin aux assises du Hainaut ce matin : celui d'un père de famille de la région de Charleroi, accusé de coups et blessures et de torture sur son jeune fils de deux semaines. Le jeune enfant n'est pas décédé, mais il a subi de graves séquelles. L'accusé s'est exprimé ce matin.
Le procès de Michaël Letellier s'est ouvert lundi devant la cour d'assises du Hainaut. L'homme est accusé d'avoir torturé son fils, âgé de 15 jours, et de lui avoir porté des coups. L'enfant, né le 22 mars 2023, a gardé de graves séquelles physiques.
Les faits remontent au 6 avril 2023 à Courcelles. L'accusé était seul au domicile familial avec son fils et l'un des enfants de sa compagne partie faire des courses. Il réparait un dégât des eaux dans la cuisine lorsque son fils s'est mis à "râler" dans son parc.
L'accusé s'est exprimé à l'ouverture de son procès, avec un mot qui est revenu souvent : l'impulsivité. C'est sa grande ligne de défense. L'homme est un récidiviste de 36 ans, qui avait déjà été condamné en 2013 à 12 ans de prison pour avoir notamment piétiné le crâne de son jeune enfant Brandon, qui était âgé, lui, de 4 mois.
Dans l'affaire dont on parle aujourd'hui, qui date de 2023, Michaël Letellier reconnaît avoir projeté sur le sol son jeune enfant Eden, âgé de 15 jours seulement. "Je l'ai fait, mais je ne voulais pas lui faire de mal", affirme-t-il. Il reconnaît donc les coups, mais pas la torture.
"J'ai vrillé en trente secondes"
"J'ai vrillé en trente secondes", a raconté Michaël Letellier. L'accusé a jeté l'enfant dans un fauteuil. "Il n'est pas tombé sur le fauteuil, mais a touché le sol directement", a-t-il relaté. Il prétend qu'il était stressé, car le service d'aide à la jeunesse devait débarquer le lendemain.
Michaël Letellier a ensuite déclaré avoir remis l'enfant dans son parc, être parti fumer et s'être posé dans un fauteuil un long moment. Quand la mère est rentrée au domicile, le bébé était en hypothermie. L'accusé lui a dit ne pas s'inquiéter, qu'il allait le réchauffer sous la douche, et s'est saisi du téléphone de sa compagne. "J'ai décidé d'appeler l'ambulance. Eden respirait mal, j'avais peur, ce n'était pas logique ce que j'étais en train de faire."
Que risque-t-il ?
Michaël Letellier risque 30 ans de prison parce qu'il y a des circonstances aggravantes : d'abord, il est le propre père de la victime. Ensuite, il y a le jeune âge de l'enfant, 15 jours seulement. Et puis, il est récidiviste.
"Ce sont des faits compliqués qui s'inscrivent dans un contexte d'impulsivité, d'un manque de contrôle de soi, a déclaré Fanny Arnould, l'avocate de la défense. Comme toute personne avant un procès d'assises, Monsieur est dans un état intérieurement très, très difficile, compliqué. Il est stressé. Il est désolé d'être là. Il y a des profonds regrets".
L'avocat de la victime, Benoit Van Opstal, est très clair : pour lui, il y a intention ? "Oui, tout à fait. C'est manifeste. Les légistes sont vraiment formels. Il y a eu des coups directs ou une projection ou un secouement de la part de Monsieur Letellier, et qui en a résulté, évidemment, les blessures importantes qui ont été encourues par l'enfant", affirme-t-il.