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Certains électeurs comptent sur le scrutin communal pour changer leur quotidien. A Momignies, dans le Hainaut, seul un habitant sur 10 a accès aux transports en commun... à pied. Rencontre avec des habitants qui se sentent quelque peu oubliés.
Forge-Philippe, le Hainaut plein sud. Idéal pour les amoureux de nature et les camps scout. Mais ici, il n'y a que la voiture ou le tracteur. Maurice et Béatrice n'ont plus de véhicules depuis huit ans. Comme les 220 habitants, ils n'ont jamais vu de bus ici. "Rien, c'est le néant. Si on doit aller à la clinique ou quelque chose comme ça, il faut qu'on se débrouille avec des voisins. À la limite, aller à pied à Chimay, parce qu'il n'y a pas de bus ici.", témoigne Maurice. "Nous autres, ça fait 26 ans qu'on est ici. Il n'y a jamais rien qui a évolué dans ce sens-là. Ça ne les intéresse pas, il y a trop peu d'électeurs.", déplore l'habitant.
Pour le bus, il faut aller dans le cœur de la commune, à Momignies. Le 156A, c'est la seule ligne, en plus des bus scolaires et un express pour les étudiants qui vont à Chimay.
Je mets à peu près 2h40 pour mes trajets, pour aller jusqu'à Charleroi
Mickaël, lui, doit aller plus loin pour sa formation et c'est un problème. "Je mets à peu près 2h40 pour mes trajets, pour aller jusqu'à Charleroi. Un petit peu plus loin. Malheureusement, même à cette heure-là, je ne sais pas rentrer puisque je suis en cours du soir. Je cherche des moyens et ça coûte assez cher pour pouvoir rentrer à ces heures-là. 45 euros par trajet... C'est même plus cher que le bus, finalement."
La province de Luxembourg n'est pas la seule mal desservie. À Momignies aussi, maximum 10% des habitants ont accès au transport en commun à pied.
C'est l'heure de pointe, le standard à Momignies est de deux voitures par foyer. "Ma compagne a une voiture, moi j'ai une voiture. C'est vrai qu'on est vraiment loin de tout ici, donc ce serait bien d'avoir un peu plus de bus.", estime un habitant.
C'est en projet avec une petite gare des bus et un parking de covoiturage. Quant au train, il n'y a plus de gare. C'est là que nous croisons deux jeunes, sans travail, sans voiture. Un démarrage dans la vie qui n'est pas aisé. "C'est compliqué parce que comme moi je n'ai pas de moyens de transport, si je dois me débrouiller avec des transports en commun et que je dois être une certaine heure à un emploi, c'est emmerdant", regrette Quentin, 20 ans. "On trouve des moyens. Soit on appelle nos amis avec leur scooter et ils nous amènent ou en voiture ou n'importe, on se débrouille.", dit encore Logan, 22 ans.
Un programme de développement rural se penche sur les transports. Ce qui ressort, c'est un sentiment d'isolement.
je voudrais bien qu'on mette un ou deux casse-vitesses
Pour les routes, elles sont en assez bon état, mais peu éclairées et parfois piégeuses. Ici, pas de feux tricolores, c'est en réflexion pour faire baisser la vitesse. Mireille habite dans un village et souhaite plus de sécurité routière. "Les gens roulent très vite dans le village. Moi, je voudrais bien qu'on mette un ou deux casse-vitesses parce qu'il y a quand même un ou deux gosses dans la rue. Et c'est dangereux. Ils sont fous ici pour ça.", dit-elle. L'avis est partagé par un autre habitant : "J'ai demandé de mettre des ralentisseurs parce que c'est vrai que, que ce soit les bus, que ce soit les voitures, ça roule très vite pour les enfants. Et ce serait bien que le futur bourgmestre nous entende."
La mobilité est un enjeu en milieu rural pour les familles, les jeunes, les pensionnés. Le point fort, la mobilité douce, qui n'est pas toujours facile de concilier avec les grandes distances.