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Pas de public, micros coupés pour éviter les invectives: la chaîne CNN, qui accueille jeudi le premier débat présidentiel entre Joe Biden et Donald Trump, veut éviter le chaos du précédent duel de 2020, pour ce rendez-vous incontournable à l'impact difficile à prédire.
Eviter le chaos de 2020
Invectives, railleries, et un président sortant, Donald Trump, ne cessant d'interrompre son challenger Joe Biden, qui finit par lui lancer "tu vas la fermer, mec ?": CNN espère éviter la cacophonie qui avait dominé le premier duel télévisé de la précédente présidentielle. Tout d'abord, le débat se déroule sans public, dans les studios de la chaîne à Atlanta, à partir de 21H00 (01H00 GMT vendredi). Surtout, le micro de Joe Biden sera coupé quand Donald Trump s'exprimera et vice-versa.
Les deux candidats les plus âgés de l'histoire américaine -- 81 ans pour Biden, 78 pour Trump -- se tiendront debout derrière un pupitre pendant 90 minutes.
CNN assure que ses deux modérateurs, Jake Tapper et Dana Bash, des figures de la chaîne, "utiliseront tous les outils à leur disposition pour faire respecter les temps de parole et assurer un débat civilisé".
Le mot de la fin pour Trump
Joe Biden a remporté un tirage au sort lui permettant de choisir de quel côté il se tiendrait sur le plateau ou s'il souhaitait intervenir en premier ou en second lors des déclarations finales. Le président sortant a opté pour se tenir à droite sur l'écran, laissant le choix à Donald Trump d'intervenir en dernier et de clore le débat.
Pas de fact-check en direct
CNN n'a pas indiqué quels seraient les thèmes abordés et ne prévoit pas de fact-check en temps réel.
"L'un des problèmes d'un débat avec Donald Trump", qui répète par exemple sans preuves que l'élection de 2020 lui a été volée, "c'est que les modérateurs ne peuvent pas vérifier les faits en temps réel et il ne vaut mieux pas, ce serait très risqué et cela perturberait le débat", souligne Kathleen Hall Jamieson, professeure de communication à l'université de Pennsylvanie. "Le danger, c'est qu'au lieu d'informer, un débat puisse multiplier les informations inexactes", ajoute-t-elle.
Joe Biden et Donald Trump n'auront ni prompteurs, ni petites fiches préparées, mais se verront fournir de quoi prendre des notes. Ils ne pourront pas s'entretenir avec leurs équipes pendant les deux interruptions publicitaires.
CNN diffuse, Fox News aussi
Les deux candidats ont tourné le dos à la Commission des débats présidentiels, un organisme indépendant, pour s'en remettre à la chaîne d'information CNN. Face à l'enjeu de service public, la chaîne du groupe Warner Bros. Discovery a néanmoins autorisé ses rivales à diffuser en simultané, avec un logo CNN et sans commentaires extérieurs.
Cela signifie que les habitués de Fox News pourront rester sur la chaîne préférée des conservateurs. Fox News prévoit de prendre l'antenne deux heures avant le débat, avec ses éditorialistes Jesse Watters ou Sean Hannity, qui s'en prennent régulièrement à CNN, jugée "anti-Trump" par ses partisans.
Le second a d'ores et déjà qualifié Jake Tapper de "militant de gauche radicale qui se cache derrière un masque de journaliste".
Quelle audience, quel impact ?
Rendez-vous incontournable, mais pas forcément décisif, d'une campagne présidentielle américaine, le débat est massivement suivi: 84 millions de téléspectateurs pour le premier duel entre Hillary Clinton et Donald Trump, un record, 73 millions pour le premier débat Biden-Trump en 2020.
Mais c'est la première fois que le débat est organisé si tôt, à plus de quatre mois de l'élection et alors même que les candidats ne sont pas officiellement investis par leurs partis. "Le risque c'est que le public américain ne prête pas beaucoup d'attention à l'actualité en été", souligne Kathleen Hall Jamieson.
"En général, les débats présidentiels n'affectent pas un nombre suffisant de votes pour décider du résultat d'une élection. Mais lorsqu'une élection est serrée, comme c'est peut-être le cas cette fois-ci, ils peuvent jouer un rôle important", ajoute-t-elle.
Un second débat est prévu sur ABC le 10 septembre, à deux mois du scrutin.