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A l'ONU, Zelensky accuse Poutine de vouloir frapper le nucléaire ukrainien

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ANGELA WEISS

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé mercredi devant l'ONU la Russie de vouloir frapper des centrales nucléaires ukrainiennes pour provoquer une "catastrophe" et a reçu une nouvelle promesse d'appui "inébranlable" de ses alliés occidentaux.

Alors que la communauté internationale est focalisée sur le Proche-Orient, le président ukrainien est aux Etats-Unis et aux Nations unies depuis dimanche pour exhorter les dirigeants de la planète à le soutenir dans sa guerre contre Moscou jusqu'à une hypothétique paix, que Kiev refuse toutefois de se voir "imposer".

Devant la grand-messe de l'Assemblée générale des Nations unies, vêtu de son habituelle tenue militaire et l'air grave, le chef d'Etat transformé en chef de guerre a révélé des "informations alarmantes de (ses) services de renseignement" selon lesquelles le président "Poutine semble dorénavant planifier des attaques sur nos installations nucléaires et leurs infrastructures".

La Russie a détruit en deux ans et demi de conflit "80% du système énergétique" de l'Ukraine, a dit M. Zelensky, alors que les forces armées russes bombardent quotidiennement ses centrales électriques et hydrauliques.

- "Catastrophe nucléaire" -

"N'importe quel incident critique sur le système énergétique pourrait conduire à une catastrophe nucléaire. Un jour qui ne doit jamais advenir", a-t-il mis en garde. "Moscou doit le comprendre et cela dépend en partie de votre détermination à mettre la pression sur l'agresseur".

Le président Zelensky est conscient que le soutien occidental risque de s'essouffler.

Notamment en pleine campagne présidentielle tendue aux Etats-Unis qui pourrait voir le républicain Donald Trump sortir victorieux le 5 novembre face à la démocrate Kamala Harris.

L'administration Biden conduit depuis plus de deux ans une large coalition internationale d'appui militaire et financier à l'Ukraine, et a annoncé mercredi débloquer 375 millions de dollars d'aide supplémentaire en sa faveur.

Mais l'ancien président Trump est beaucoup plus critique sur le soutien américain à Kiev.

Après son discours solennel à l'ONU, M. Zelensky a été reçu à New York par Joe Biden et les autres dirigeants des Etats membres du G7 qui lui ont "réaffirmé (leur) soutien inébranlable à l'Ukraine aujourd'hui et à l'avenir, dans la guerre et dans la paix", selon un communiqué.

Le président démocrate de 81 ans a confirmé qu'il annoncerait jeudi à Washington une "batterie de mesures destinées à accélérer le soutien aux forces armées ukrainiennes".

- "Plan de la victoire" -

C'est là que M. Zelensky présentera à M. Biden et au Congrès les détails de son "plan de la victoire" visant à mettre fin à l'invasion russe commencée le 24 février 2022.

Peu de détails ont été dévoilés mais, pour le président ukrainien, il s'agit que Kiev puisse négocier en position de force.

Lors d'un entretien bilatéral mercredi à New York, le président Emmanuel Macron a "souligné le soutien de la France au plan de paix" de son homologue ukrainien, selon l'Elysée.

A la tribune de l'Assemblée générale, le chef de l'Etat français a salué la "résistance remarquable" de l'Ukraine et promis que Paris ferait tout pour qu'elle "tienne bon". La France continuera "de lui fournir des équipements indispensables à sa défense", a assuré M. Macron.

A la même tribune mardi, Joe Biden avait pointé l'échec militaire selon lui de la Russie en Ukraine et exhorté les Nations unies à maintenir leur appui à Kiev jusqu'à la victoire finale.

Au moment où Kiev veut convaincre les Occidentaux de la laisser utiliser des missiles de longue portée contre le territoire russe, le président Poutine a fait état d'une proposition de changement de la doctrine de recours à l'arme nucléaire par Moscou.

Il s'agirait de répondre à "l'agression de la Russie par un pays non nucléaire mais avec la participation ou le soutien d'un pays nucléaire", a lancé le président russe lors d'une réunion télévisée de son Conseil de sécurité.

Dans ce bras de fer diplomatique, M. Zelensky a prévenu que les Ukrainiens n'accepteraient "jamais" un éventuel accord de paix avec Moscou qui leur soit "imposé" par les grandes puissances. "Il ne peut y avoir de paix juste sans l'Ukraine", a-t-il affirmé.

Mardi, devant le Conseil de sécurité, il avait exhorté à "contraindre" Moscou à faire la paix, provoquant une réplique cinglante du Kremlin: il est "impossible de forcer la Russie à la paix", selon son porte-parole Dmitri Peskov.

Plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement sont réunis à cette "semaine de haut niveau" à l'ONU, au moment où les conflits font rage à travers la planète. A la demande de Paris, le Conseil de sécurité doit se pencher en urgence mercredi soir sur le Proche-Orient et le Liban, pays "au bord du gouffre" selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

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