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Des prisonniers ukrainiens sont délibérément privés de soins dans des geôles russes et des médecins ont même participé aux séances de torture dans un des pénitenciers, révèle lundi une commission d'enquête du Conseil des droits de l'homme.
La Commission, créée pour enquêter sur la violations des droits humains en Ukraine depuis l'invasion à grande échelle par la Russie en février 2022, avait déjà conclu à l'usage "systématique" de la torture par les forces d'occupation russes. Mais dans son rapport oral au Conseil ce lundi, elle souligne que la vaste aire géographique et la similitude des méthodes employées "démontrent que la torture a été utilisée comme une pratique courante et acceptable par les autorités russes, avec un sentiment d'impunité".
Mais au-delà de la torture systématique et des viols dans les camps de prisonniers ou les viols de femmes dans les villes et villages occupés par les troupes russes, la Commission note "l'absence de toute aide médicale adéquate pour ceux qui en avaient désespérément besoin" dans de nombreux centres de détention contrôlés par les autorités russes. "Dans un de ces centres, les médecins pénitentiaires ont même participé aux séances de torture", souligne le président de la commission, Erik Mose, dans son rapport oral devant le Conseil.
A titre d'exemple, M. Mose évoque les témoignages d'anciens détenus ukrainiens de la prison d'Olenivka, en Ukraine.
"Ils ont vu de nombreuses personnes mourir cette nuit-là"
Le 29 juillet 2022 une explosion dans le centre de détention d'Olenivka a provoqué la mort de nombreux prisonniers ukrainiens.
Les Russes accusent les Ukrainiens d'avoir bombardé la prison. Ces derniers, leurs alliés occidentaux et de nombreux analystes estiment que ce sont les Russes qui sont à l'origine de l'explosion.
Selon les témoins, "aucune assistance médicale immédiate n'a été fournie à des dizaines d'autres personnes qui ont subi des blessures mettant leur vie en danger", indique M. Mose. Seuls les médecins militaires, eux-même prisonniers, ont tenté d'apporter de l'aide aux blessés, souligne le rapport. "Ils ont vu de nombreuses personnes mourir cette nuit-là, tandis que les dirigeants de la colonie d'Olenivka restaient là à regarder", accuse M. Mose.
Les séquelles physiques et psychologiques sont profondes et les besoins en termes de santé mentale sont énormes, selon les témoignages recueillis par la Commission.
"J'étais hanté par la peur d'être à nouveau emprisonné. Je suis physiquement chez moi, mais je me sens toujours emprisonné mentalement par le traumatisme que m'ont infligé les Russes", témoigne l'un de ces anciens prisonniers torturés.
De nombreuses victimes ont exprimé "le besoin vital que justice soit faite" et le président de la Commission a insisté sur le besoin de continuer à recueillir des éléments de preuve. Il a regretté que la crise financière que traverse l'ONU ait "sévèrement affecté les effectifs du secrétariat de la Commission et sa capacité à voyager".