Partager:
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken effectuera la semaine prochaine sa deuxième visite en moins d'un an en Chine, espérant profiter de l'assouplissement des relations pour faire pression afin que Pékin réduise son soutien à la machine de guerre russe.
Le déplacement de M. Blinken, de mercredi à vendredi, est le signe d'une nouvelle baisse des frictions entre les Etats-Unis et la Chine, qui ont été exacerbées sous l'ancien président Donald Trump, lequel promet à nouveau une ligne dure face à Pékin s'il remporte les élections de novembre.
Mais le président Joe Biden, tout en recherchant une plus grande stabilité entre les deux plus grandes économies du monde, a maintenu la pression.
Dans les jours précédant la visite de M. Blinken, M. Biden a rencontré conjointement les dirigeants du Japon et des Philippines, deux alliés des Etats-Unis qui se méfient des ambitions chinoises, et a proposé d'augmenter les droits de douane sur l'acier à l'encontre d'une Chine qui ne joue pas le jeu.
"Nous sommes dans une situation différente de celle d'il y a un an, lorsque les relations bilatérales étaient à un niveau historiquement bas", a affirmé à des journalistes un haut responsable américain avant l'annonce du voyage samedi.
"Nous avons entrepris de stabiliser les relations bilatérales sans sacrifier notre capacité à renforcer nos alliances, à rivaliser vigoureusement et à défendre nos intérêts", a-t-il déclaré sous le couvert de l'anonymat.
M. Blinken entend notamment soulever auprès de Pékin son soutien à l'industrie de la défense russe, ce qui impacte le champ de bataille en Ukraine.
Washington reconnaît que la Chine s'est abstenue de fournir une assistance militaire directe à la Russie, mais dénonce le transfert de matériaux à double usage dont la Russie se sert pour produire des munitions et des armes utilisées dans sa guerre contre l'Ukraine.
Lors d'une conférence de presse vendredi en Italie, le chef de la diplomatie américaine a accusé la Chine d'"alimenter" indirectement le conflit en Ukraine: "Si la Chine veut avoir d'un côté des relations amicales avec l'Europe et d'autres pays, elle ne peut pas alimenter d'un autre côté ce qui est la plus grande menace contre la sécurité européenne depuis la fin de la Guerre froide".
- Liens -
Gage du rapprochement, M. Blinken fera escale avant Pékin dans la métropole de Shanghai, où il entend encourager le renforcement des liens culturels entre les Etats-Unis et la Chine.
Le déplacement fait suite à un récent entretien téléphonique entre M. Biden et le président chinois Xi Jinping, ainsi qu'une visite en Chine de la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.
MM. Biden et Xi s'étaient rencontrés près de San Francisco en novembre, où ils s'étaient évertués à remettre la relation sino-américaine sur les rails, en rétablissant notamment le dialogue militaire au plus haut niveau et en s'engageant à coopérer dans la lutte contre le fentanyl, une drogue de synthèse qui fait des ravages aux Etats-Unis.
M. Blinken entend, par ailleurs, mettre en garde Pékin contre une action "provocatrice" lors de l'investiture, le mois prochain (20 mai), du nouveau président de Taïwan, Lai Ching-te, a indiqué le responsable américain.
Taïwan est une source majeure de désaccord, la Chine protestant contre les ventes d'armes américaines à Taipei, tandis que les Etats-Unis se plaignent que Pékin entend y changer le statu quo.
Pour Yun Sun, chargée de recherche au Stimson Center, la Chine fait face à une difficile relance de son économie et recherche l'apaisement.
Les dirigeants chinois "n'ont pas les moyens de faire face à des Etats-Unis belliqueux ou déstabilisateurs à ce stade", dit-elle.
"Ils ne sont pas prêts à parier que les Etats-Unis se réengageront sur le plan économique, mais ils peuvent les tenir à distance", ajoute-t-elle.