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"La foule, des cris, du sang": l'attaque au couteau perpétrée jeudi contre des enfants et des adultes aux abords du lac d'Annecy a semé l'effroi dans cette ville d'ordinaire paisible de Haute-Savoie, où témoins et habitants se montraient stupéfaits et anéantis.
"C'est un choc", a confié Kévin Poncin, 27 ans, sur son vélo arrêté à proximité du jardin de l'Europe, non loin de l'esplanade du Pâquier bordant les eaux cristallines du lac, où s'est déroulée cette attaque perpétrée par un réfugié syrien qui a fait six blessés, dont quatre enfants âgés de 22 mois à trois ans.
Dans une vidéo très crue de l'attaque circulant sur les réseaux sociaux, on peut voir l'homme vêtu de noir avec un foulard sur la tête sauter dans une aire de jeux du parc après avoir été pris à partie par un homme muni d'un sac.
On le voit poignarder plusieurs enfants, dont deux installés dans un landau à deux places, puis repasser de l'un à l'autre en sautillant. Un homme crie: "Appelez la police!"
L'assaillant finit par être repoussé par une femme qui criait "Au secours! Arrêtez-le! Arrêtez-le!" en tentant de protéger le landau, et par l'homme au sac qui appelle à l'aide les passants: "Aidez-moi à le maîtriser"!.
"Mon enfant de 17 ans y a assisté. Une personne a brandi un couteau et poignardé un bébé dans un landau, c'est ce qu'il a vu, après il a vu la foule, des cris, du sang. Ca n'était pas beau à voir", a rapporté à l'AFP une mère de famille venue chercher son fils à la préfecture.
Selon différents témoignages, après avoir fui l'aire, l'homme a attaqué une personne âgée avant d'être interpellé très rapidement par des policiers qui lui ont tiré dessus pour l'immobiliser.
"C'est inhumain. J'ai entendu les cris des parents, puis j'ai vu l'agresseur avec le couteau. C'est là que j'ai compris qu'il se passait quelque chose de grave. Je me suis dit que si je courais j'allais mourir, donc je me suis éloignée en marchant. Dans ces cas là on n'a que sa survie en tête. Puis il est parti vers la promenade du lac et on a entendu des coups de feu", a notamment témoigné Clémence, lycéenne de 17 ans.
"Fou de voir ça à Annecy"
"Je courais au bord du lac, et je vois tout d'un coup des dizaines de personnes qui courent dans le sens contraire de moi. Je me demande ce qu'il se passe, il y a une maman qui me dit +Courez! Courez! Il y a quelqu'un qui poignarde tout le monde tout au long du lac, il a poignardé des enfants!", a raconté dans une story Instagram l'ancien footballeur professionnel Anthony Le Tallec.
"Je continue et je vois le mec effectivement qui arrive en face de moi, sur l'herbe. Je vois des flics qui sont à cinq, dix mètres derrière lui, qui n'arrivent pas à l'attraper. Il arrive vers moi, donc je m'écarte. Et je vois qu'il fonce tout droit vers des papys et mamies, et là il attaque le papy, il le poignarde une fois, les flics derrière lui n'arrivent pas à l'attraper. Et moi je leur dis +mais tirez lui dessus, tuez le!+, il est en train de poignarder tout le monde !"
"Il attaque une fois deux fois, et là ils commencent à tirer, donc là ils tirent devant moi, sur la personne, donc il tombe à terre, le papy était déjà touché. Moi je continue ma course, et je vois au fond des enfants par terre, très malheureux, des enfants touchés", a encore témoigné le joueur qui a fini sa carrière dans cette ville, ajoutant "C'est fou de voir ça à Annecy".
Les abords du parc ont été bouclés par un important dispositif policier, a constaté une journaliste de l'AFP.
"C'est un endroit où tout le monde va, où toutes les animations ont lieu. C'est affolant ce qu'il s'est passé ce matin, c'est vraiment d'une grande cruauté. S'attaquer à des enfants...", a réagi un père de famille de 48 ans sous couvert de l'anonymat.
"Ça touche tout le monde. J'espère que les politiques vont préserver une certaine stabilité entre les gens, qu'ils ne vont pas encourager les amalgames et la confusion" envers les étrangers ou français d'origine étrangère, poursuit-il
Le caractère terroriste ou non de l'attaque est en cours d'évaluation. Le suspect, qui portait une croix chrétienne quand il a été interpellé, avait indiqué dans son dossier de demande d'asile déposé en France qu'il était "chrétien de Syrie", selon une source policière.
Rosemonde, Annécienne de 70 ans, s'est, elle, dite "éberluée" et "en colère", anticipant déjà "tout le cinéma (que des politiques) vont nous faire".