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C'est la course vers le second tour des législatives. Quels seront les candidats du second tour ? 216 membres du Parti socialiste et de la majorité présidentielle se sont désistés pour faire barrage au Rassemblement national. Sur le papier, ça paraît efficace, mais est-ce que les électeurs suivront les consignes des partis ?
L'exercice relève du tour de force. Depuis deux ans et la réélection d'Emmanuel Macron, la majorité présidentielle n'a pas arrêté de taper sur ce qui est aujourd'hui le nouveau Front de gauche. Et de son côté, la gauche n'a cessé de s'opposer aux décisions du gouvernement, notamment sur la réforme des retraites. Et voilà qu'en 48 heures, on demande aux électeurs des uns de voter pour les autres et vice versa. Il faut vraiment qu'ils aient très peur du Rassemblement national pour s'exécuter.
Les instituts de sondage ont essayé d'en savoir plus, mais il est difficile de sonder les cœurs et les reins car il n'y a pas de référence. Traditionnellement, les désistements se font entre partis du même camp, par exemple la droite pour les centristes ou les communistes pour les socialistes. Mais là, tout est chamboulé. On estime que selon les circonscriptions, les électeurs devraient suivre à 60%, parfois même à 80%, les instructions des partis réunis dans le Front républicain. Mais un nombre non négligeable s'abstiendrait et par endroits, 15% d'entre eux pourraient même voter Rassemblement national.
Nous voulons gouverner !
En effet, pour de nombreux Français issus de la classe moyenne, Jean-Luc Mélenchon représente un repoussoir plus fort encore que Marine Le Pen. Ainsi, l'ancien Premier ministre, Édouard Philippe, a déclaré qu'il adopterait une attitude ni-ni. Ni Le Pen, ni Mélenchon. Finalement, là où il est inscrit, c'est un communiste qui affrontera le Rassemblement national. Donc, il votera communiste. Ironie de l'histoire, Édouard Philippe est le maire du Havre, une ville longtemps dirigée par les communistes qu'Édouard Philippe et les siens ont chassés autrefois de l'hôtel de ville.
On peut comprendre que pas mal d'électeurs soient un peu perdus devant le choix qu'on leur demande de faire. Néanmoins, ces accords de désistement devraient priver Marine Le Pen d'une trentaine ou d'une quarantaine de députés, soit suffisamment pour l'empêcher de rassembler les 289 élus nécessaires à une majorité absolue à l'Assemblée nationale. C'est pourquoi elle a changé de stratégie, affirmant désormais, contrairement à ce qu'elle avait toujours dit, que son parti accepterait le poste de Premier ministre, même si sa majorité n'était que relative. "Nous voulons gouverner !" a-t-elle martelé.
Pour ça, elle se dit prête à débaucher une vingtaine de députés qui viendraient de la droite et même des divers gauches. Eh oui, quand le fumet du pouvoir est si proche, on ferait tout pour y goûter.