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C'est une semaine décisive pour la politique française. Emmanuel Macron a décidé de recevoir vendredi les représentants de tous les groupes parlementaires. Et de ces consultations, le nom d'un Premier ministre pourrait surgir d'ici la fin du mois.
La trêve olympique a pris fin, mais le Président prend son temps. Il reste sourd aux vociférations de La France Insoumise, de Jean-Luc Mélenchon, qui exige qu'il nomme Lucie Castets, sa candidate pour Matignon.
Ce week-end, pour accentuer la pression, le parti d'extrême gauche a même menacé le Président d'une procédure de destitution s'il ne la désignait pas tout de suite. Une démarche qui n'a aucune chance d'aboutir. Bon prince, Emmanuel Macron a néanmoins confirmé que le Nouveau Front Populaire, arrivée en tête aux élections législatives, serait la première délégation reçue vendredi et qu'il ne s'opposait pas à la présence de Clémentine Autain.
Les autres partis suivront ensuite, Rassemblement National, ex-majorité présidentielle, droite républicaine, etc. Cette procédure de consultation est banale dans bien des pays, notamment en Belgique. Mais la France en a perdu l'habitude depuis l'instauration de la Ve République en 1958. Une République qui donne la prééminence à l'exécutif, mais n'en reste pas moins une constitution parlementaire, comme l'a souvent répété son rédacteur Michel Debré, qui fut le premier Premier ministre du général de Gaulle.
Emmanuel Macron a fait savoir qu'il laisserait une grande marge de manœuvre au Premier ministre, se réservant la défense et les affaires étrangères, comme l'avait fait François Mitterrand lors de la première cohabitation avec Jacques Chirac en 1986. Reste à savoir qui il désignera. En France, il n'y a pas, comme en Belgique, d'informateurs qui déblaient le terrain et font régulièrement un rapport au chef de l'État. Les négociations sont plus informelles, mais ça ne veut pas dire qu'elles n'existent pas.
Le problème, c'est que chacun définit un programme et qu'il entend l'appliquer, comme la gauche qui dit "notre programme, rien que notre programme, mais tout notre programme". Or, la constitution d'un gouvernement de coalition impose une négociation, des sacrifices, des compromis.
À ce jeu-là, la droite et le centre semblent mieux placés. C'est l'ambition d'Emmanuel Macron qui verrait bien une alliance qui irait de la gauche modérée à la droite républicaine. En clair, les socialistes hollandistes et les libéraux sarkozistes autour du parti macroniste. Sous l'Empire romain, on appelait ça un "triumvirat". Ça marchait. Un certain temps.