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Interrogatoires des témoins, reconstitution : depuis un an, l'enquête pour établir les circonstances de la mort de Nahel, 17 ans, tué par le tir d'un policier, se poursuit à Nanterre, dans un dossier devenu un symbole de la lutte contre les violences policières.
Les faits
Le 27 juin 2023, des motards de la police prennent en chasse une Mercedes conduite par Nahel, mineur sans permis et à la conduite erratique.
A l'issue d'une course-poursuite, la voiture, où se trouvent aussi deux autres adolescents de 17 et 14 ans, est bloquée par la circulation.
Dans une vidéo filmée par un témoin, deux policiers se trouvent sur le côté du véhicule et braquent le conducteur de leurs armes.
L'un d'eux tire tandis que le véhicule redémarre pour aller s'encastrer sur un bloc de béton à quelques dizaines de mètres de là.
A l'arrivée des secours, Nahel est mort, touché d'une balle en pleine poitrine.
Un des passagers a pris la fuite, tandis que l'autre a été interpellé.
Amplement propagée sur les réseaux sociaux et contredisant une première version policière qui présentait les agents comme positionnés face au véhicule, la mort de Nahel entraîne des émeutes qui secouent la France pendant plusieurs nuits et relance le débat sur les violences policières.
Pourquoi le policier a-t-il été remis en liberté ?
Mis en examen pour homicide volontaire, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, avait été placé en détention provisoire pendant cinq mois, tandis que son collègue n'a pas été poursuivi.
En novembre 2023, le mis en cause est libéré et placé sous contrôle judiciaire, les juges d'instruction en charge du dossier jugeant notamment que "si le trouble à l'ordre public demeure", "il est moindre qu'à la date du placement en détention provisoire".
Selon eux, le risque de "concertation" est "moins prégnant", même s'il reste "des divergences entre les différentes versions données".
Selon son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, interrogé à cette occasion par l'AFP mais qui n'a pas souhaité s'exprimer dernièrement, l'agent de police n'est pas interdit d'exercer.
Par ailleurs, une cagnotte en ligne avait récolté 1,6 million d'euros en soutien à la famille du policier.
Cette cagnotte fait l'objet d'une plainte, déposée par la famille de Nahel.
Actes d'enquête réalisés
Plusieurs expertises ont été demandées, notamment pour établir dans quelle mesure Nahel, qui a des traces de coups sur les bras, a été frappé par les policiers.
Une expertise audio de la vidéo, pour définir ce que les agents ont crié à l'adolescent, a également été demandée, sans résultat convaincant selon des sources proches du dossier.
Le lieu de la mort du jeune homme a été verrouillé le 5 mai par des dizaines de camions de policiers pour permettre une reconstitution des faits.
Les deux adolescents, plusieurs témoins qui, selon des éléments du dossier, disent avoir entendu un policier menacer Nahel, Florian M., son collègue, ainsi que la mère de Nahel et d'autres proches, étaient réunis pour la première fois.
Un des enjeux était d'établir dans quelle mesure les policiers étaient en danger au moment du tir.
Les conseils des deux parties n'ont pas tiré les mêmes conclusions de l'exercice.
"Ce qu'on voit sur les vidéos, c'est que le policier n'était pas en danger", avait résumé l'avocat de la mère de Nahel, Me Nabil Boudi sur RTL.
"Objectivement, il n'a pas été écrasé, mais il a pu ressentir qu'il aurait pu l'être", a pour sa part argué Me Liénard sur BFMTV.