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Nommé depuis 26 jours, le Premier ministre Michel Barnier prononcera aujourd’hui sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale. Face à une majorité relative, il ne soumettra pas son discours au vote, mais des tensions politiques persistent, notamment sur les réformes à venir
En France, 26 jours après sa nomination, le Premier ministre Michel Barnier va prononcer aujourd'hui, à 15h, sa déclaration politique générale. Comme il ne dispose que d'une majorité très relative à l'Assemblée nationale, environ 210 députés sur 577, il ne soumettra pas son discours au vote des députés. Il ne sera donc pas renversé aujourd'hui, mais ce n'est peut-être qu'une question de jour.
C'est une particularité de la Constitution française, quand il prononce sa déclaration de politique générale après sa nomination, le Premier ministre n'est pas obligé de la soumettre au vote des députés. Il le fait quand il est sûr d'avoir une majorité, ce qui n'est pas le cas de Michel Barnier.
Avant lui, Élisabeth Borne et Gabriel Attal avaient fait de même. Depuis l'instauration de la Vème République en 1958, le gouvernement n'a plus besoin d'être investi par le Parlement, car il tient son pouvoir du Président de la République et de lui seul.
En revanche, l'Assemblée nationale peut le renverser. C'est pourquoi, dès aujourd'hui, la gauche du nouveau Front populaire va déposer une motion de censure. Mais comme aucun parti ni aucune coalition n'a la majorité absolue, cette motion de censure ne sera pas votée.
Il faudrait que le Rassemblement national joigne ses suffrages à ceux de la gauche, ce qu'il ne fera pas. Les partisans de Jean-Luc Mélenchon pourront donc vociférer cet après-midi dans l'hémicycle. Michel Barnier sera toujours Premier ministre ce soir.
Pour autant, il va falloir qu'il manœuvre avec finesse, car le Rassemblement national a déjà posé quelques mines sur son parcours et attend de lui des décisions fermes dans les domaines de l'immigration et de la sécurité.
Il devra aussi donner des garanties aux députés macronistes qui, a priori, le soutiennent, mais qui sont farouchement opposés à son projet d'augmenter les impôts des plus riches et des grosses sociétés. Il devra aussi trancher sur l'éventualité de réformer le mode de scrutin pour passer à la proportionnelle.
Plusieurs partis, dont le modem du centriste François Bayrou, la réclament à grand cri. Mais lui, gaulliste depuis l'enfance, est plutôt réticent face à ce mode de scrutin qui favorise le régime des partis.
Cet après-midi, il va donc devoir éviter à la fois l'artillerie de la gauche, les snipers de sa propre majorité, en comptant sur la neutralité des bataillons de l'extrême droite. Il attend donc un discours assez général, qui ménagera la chèvre et le chou, sans être, comme c'est souvent le cas, un catalogue de promesses qui ne seront jamais tenues.
La véritable épreuve, ce sera le 8 octobre, lors de la présentation de son budget. C'est là que Michel Barnier jouera vraiment sa tête. Comme tous ses prédécesseurs, il va alors apprendre qu'on n'est que locataire sous les ors de la République et personne ne connaît la durée du bail.