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Législatives en France: Emmanuel Macron s'alarme d'un risque de "guerre civile", Jordan Bardella se dit "prêt" à gouverner

Les programmes des "deux extrêmes" mènent "à la guerre civile": Emmanuel Macron a frontalement attaqué ses rivaux lundi à six jours des législatives, une réponse au favori  des sondages, le RN de Jordan Bardella qui a juré du sérieux de son projet et s'est dit "prêt" à gouverner.

Dans un nouvelle prise de parole fleuve, auprès du podcast "Génération Do It Yourself", le président de la République ne mâche pas ses mots en direction du Rassemblement national et de La France insoumise.

"La réponse de l'extrême droite" en matière d'insécurité: "parce qu'elle renvoie les gens ou à une religion ou à une origine, c'est en ça qu'elle divise et qu'elle pousse à la guerre civile", a-t-il lancé. Et en face, LFI propose "une forme de communautarisme", "mais ça c'est aussi la guerre civile derrière".

"Un président de la République ne devrait pas dire cela", a répliqué Jordan Bardella, tandis que Jean-Luc Mélenchon accusait Emmanuel Macron d'être "toujours là pour mettre le feu".

Dans le sprint final de la campagne du premier tour de dimanche, la bataille verbale entre les trois principaux blocs franchit un nouveau palier, alors qu'ils s'apprêtent à ferrailler mardi soir sur le plateau de TF1 lors d'un débat entre le Premier ministre Gabriel Attal, le coordinateur de LFI Manuel Bompard et Jordan Bardella.

Ce dernier a tenu lundi matin une longue conférence de presse pour tenter de mettre les points sur les "i" au sujet de son programme après une semaine de flottement lors de laquelle le camp lepéniste avait semblé reculer sur plusieurs de ses mesures-phares, en premier lieu l'abrogation de la réforme des retraites. 

 

"Big bang" à l'école 

A ce sujet, Jordan Bardella a réitéré sa volonté de donner la priorité aux carrières longues dès l'automne: "les Français qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui justifient de 40 annuités, pourront partir à la retraite dès 60 ans".

Mais c'est dans le domaine de l'éducation qu'il a annoncé de nouvelles mesures, promettant "un big bang de l'autorité" dès la rentrée de septembre avec l'interdiction des téléphones portables dans les collèges et lycées, le "vouvoiement" obligatoire des enseignants ou encore la poursuite de l'expérimentation de l'uniforme "à l'école primaire, mais aussi au collège".

"Les postes les plus stratégiques de l'Etat seront réservés aux citoyens français" qui n'ont qu'une seule nationalité, à l'exclusion donc des binationaux, a-t-il aussi assuré. Impossible sans une révision de la Constitution, préviennent des professeurs de droit qui relèvent que la "binationalité" n'existe pas en droit français. 

Crédité de 36% d'intentions de vote au premier tour selon une enquête Ifop lundi, le RN est plus que jamais la cible de ses adversaires, le Nouveau Front populaire (29,5% d'intentions de vote) comme le camp présidentiel (20,5%).

Leader de la campagne macroniste en déplacement à Dijon, Gabriel Attal a tenté de se poser comme le principal rempart au parti à la flamme, au détriment de la gauche. 

"Un candidat de la Nupes au deuxième tour face à un candidat du Rassemblement national, dans la plupart des cas, il perd. Quand vous avez un candidat +Ensemble pour la République+ au deuxième tour face au Rassemblement national, il gagne beaucoup plus", a-t-il assuré.

Dans un entretien accordé au Figaro, Gabriel Attal a ensuite fustigé la "tenaille" entre LFI et le RN qui "s'alimentent" entre eux, pointant le "risque d'une grande déchirure du pays, avec des tensions et des violences à la clé".

Débat sans Mélenchon 

A gauche, Jean-Luc Mélenchon a vu la pression se renforcer autour de lui par l'appel quasi simultané de ses trois alliés à gauche - PCF, Ecologistes, Parti socialiste - à privilégier le "consensus" pour désigner le candidat du Nouveau Front populaire pour Matignon en cas de victoire.

Le fondateur de La France insoumise "n'est pas le leader du Nouveau Front populaire et il ne sera pas Premier ministre", a déclaré la patronne des Ecologistes Marine Tondelier à l'AFP.

"Le prochain Premier ministre sera insoumis", a rétorqué M. Mélenchon sur France 2, mentionnant ses lieutenants -  Manuel Bompard et Mathilde Panot en tête -  comme potentiels candidats au poste, sans s'exclure non plus de la liste des prétendants.

Au passage, le leader insoumis a "mis en garde" les socialistes. "Mélenchon, c'est un nom qui fait ouvrir les portes quand on est dans les quartiers populaires. (François) Hollande, c'est un nom qui les fait fermer", a-t-il lâché à propos de l'ancien chef de l'Etat, candidat aux législatives en Corrèze.

Autre candidat cité - par Raphaël Glucksmann - pour Matignon, l'ancien secrétaire général de la CFDT Laurent Berger est sorti de son silence dans Le Monde lundi pour expliquer que "la première urgence, c'est d'éviter le RN".

 

"Chacun son ADN" 

"Après, le nom de la personnalité qui ira à Matignon est le cadet de mes soucis aujourd'hui", a-t-il glissé. "En tous cas, c'est pas mon envie", a-t-il renchéri sur France 2.

A la peine dans les sondages, la majorité continue de son côté de s'émanciper d'Emmanuel Macron, chaque jour un peu plus.

"Chacun son identité, chacun son ADN, chacun sa méthode", a décliné Gabriel Attal, insistant sur le fait que le vote de dimanche "n'était pas un référendum pour ou contre le président de la République". Edouard Philippe l'avait pour sa part accusé d'avoir "tué" la majorité présidentielle.

Le chef de l'Etat leur a indirectement répondu lundi en assurant avoir "conscience" que "beaucoup" dans la majorité lui "en veulent". 

"Ce sera la faute de personne le soir du deuxième tour. Ce sera la responsabilité des Français. Et moi, c'est pas un pari (que je fais), c'est une confiance (que j'ai)" dans les électeurs, a-t-il ajouté.


 

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