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Alors que les conservateurs au pouvoir au Royaume-Uni sont promis à une défaite électorale historique jeudi, l'ancien Premier ministre Boris Johnson a fait sa première apparition de la campagne pour mettre en garde contre l'arrivée au pouvoir des travaillistes de centre-gauche.
M. Johnson, en mauvais termes avec l'actuel Premier ministre Rishi Sunak était resté jusqu'à présent à l'écart de la campagne et son apparition tard mardi dans une petite réunion électorale de conservateurs à Londres a été une surprise. Il a pris la parole avant M. Sunak.
"Si vous voulez vraiment des impôts plus élevés (...) si vous voulez une immigration incontrôlée et si vous voulez des courbettes inutiles devant Bruxelles, votez pour le parti travailliste jeudi", a menacé Boris Johnson. "Si vous voulez protéger notre démocratie et notre économie et garder ce pays fort à l’étranger (...) alors vous savez quoi faire", a-t-il ajouté. "Votez conservateur jeudi".
Mais les jeux sont faits.
Après six semaines de campagne, et 14 ans de pouvoir conservateur durant lesquels se sont succédé cinq Premiers ministres dont quatre ont dû démissionner, le pays devrait jeudi basculer au centre-gauche, avec Keir Starmer comme chef de gouvernement.
Les poids lourds conservateurs, Rishi Sunak en tête, en sont réduits à implorer les électeurs de ne pas donner "une super majorité" aux travaillistes à la Chambre des communes.
"Nous sommes probablement à la veille du plus grand raz de marée (travailliste) que nous ayons jamais connu dans ce pays", a reconnu mercredi le ministre du Travail Mel Stride, un pilier de la campagne de Rishi Sunak, sur Times Radio.
"C'est fini, et nous devons nous préparer à la réalité et à la frustration de l'opposition", a écrit l'ancienne ministre de l'Intérieur Suella Braverman dans le Telegraph.
Après des années difficiles au cours desquelles les Britanniques ont traversé Brexit, crise économique et sociale, Covid, scandales et instabilité politique, les électeurs n'aspirent qu'à une chose, le changement.
Et ils sont prêts à donner sa chance à Keir Starmer, un travailliste austère et peu connu de 61 ans, ancien avocat défenseur des droits humains puis procureur général, élu député il y a neuf ans seulement.
Il devrait devenir Premier ministre, ce poste revenant au chef du parti politique obtenant la majorité des sièges aux législatives.
Keir Starmer, qui a cherché à donner une image de sérieux et de fermeté, notamment fiscale et économique, après avoir recentré sans état d'âme son parti, a déjà prévenu qu'il n'avait pas de "baguette magique".
Mais cet homme d'origine modeste, fils d'un outilleur et d'une infirmière, parle d'intégrité, du sens du service en politique.
"Le pays d'abord, le parti ensuite", répète-t-il régulièrement.
- Farage en embuscade -
Parmi les préoccupations majeures des électeurs, l'économie, la dégradation du service de santé publique et l'immigration.
Le parti nationaliste Reform UK et son leader Nigel Farage, qui tente pour la huitième fois de se faire élire à la Chambre des Communes, a fait de ce dernier sujet son principal cheval de bataille, y liant tous les maux dont souffre le Royaume-Uni comme le manque de logements, la difficulté à se faire soigner dans le public et l'absence de travail pour certains jeunes.
Véritable tribun, il est entré dans la course le mois dernier, dopant immédiatement les intentions de vote pour son parti qui talonne désormais les conservateurs et les a même dépassés dans certains sondages.
Rishi Sunak, Premier ministre depuis 20 mois, a quant à lui déployé tous ses efforts pour éviter le désastre annoncé pour son parti. Il a annoncé des baisses d'impôts, promis des jours meilleurs... et essayé jusqu'au bout de récupérer des électeurs hésitant entre Reform UK et le parti conservateur dans des circonscriptions où le scrutin sera serré.
Reform UK présente cette année plus de 600 candidats - il y a au total 650 circonscriptions en jeu - et même si le mode de scrutin uninominal à un tour privilégie les deux grands partis, Nigel Farage n'a pas caché ses intentions: il veut évincer des conservateurs usés par les divisions internes et faire de sa formation le grand parti d'opposition, dans le but de remporter les législatives de 2029.