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Réunie à Madrid, l'extrême droite européenne a appelé dimanche à faire des élections de juin "un jour de délivrance" pour l'UE, en s'efforçant d'afficher un front uni malgré les divisions entre les deux grands courants souverainistes européens.
Organisée par le parti d'extrême droite espagnol Vox, la Convention "Europa Viva 24", à laquelle ont participé une dizaine de partis nationalistes européens, en présence du président ultralibéral argentin Javier Milei, se voulait une démonstration de force à l'approche du scrutin européen, prévu du 6 au 9 juin dans les 27 pays membres de l'UE.
Il a été l'occasion pour plusieurs figures d'extrême droite, dont la Première ministre italienne Giorgia Meloni et sur place l'ex-présidente du Rassemblement national (RN) français Marine Le Pen, d'appeler au rassemblement de l'ensemble des formations souverainistes afin de "réorienter" l'UE.
"Nous sommes, tous ensemble, dans la dernière ligne droite pour faire du 9 juin prochain un jour de délivrance et d'espérance", a martelé l'ancienne candidate à la présidentielle française, assurant que "la vraie Europe, celle de la liberté et des peuples", avait "besoin" des forces nationalistes "rassemblées".
"Nous défendons tous notre souveraineté nationale, mais nous savons aussi que nous ne pouvons pas le faire seuls. Face au mondialisme et à son âme socialiste, nous devons répondre par une alliance mondiale", a abondé le leader de Vox, Santiago Abascal, devant une salle remplie de drapeaux espagnols.
- "Mobilisation" -
Dans des messages vidéo, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a exhorté "les patriotes" à "occuper Bruxelles", tandis que Mme Meloni a appelé à la "mobilisation" et à "descendre dans la rue" pour obtenir un "changement en Europe".
Cette convention s'est tenue alors que ces formations - qui, selon les sondages, ont partout le vent en poupe - se livrent une intense bataille en coulisses à propos de la composition des futurs groupes au Parlement européen.
Le RN est actuellement membre du groupe Identité et Démocratie (ID), aux côtés notamment de l'AfD allemande, absente dimanche à Madrid et avec qui le parti de Mme Le Pen est en conflit. Vox et le parti de Mme Meloni, Fratelli d'Italia, appartiennent, eux, au groupe des Conservateurs et Réformistes européens (CRE).
Issue du PPE (droite), principal groupe du Parlement, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, n'a pas écarté récemment la possibilité d'alliances avec CRE, tout en excluant toute coopération avec ID, dont les membres sont considérés comme plus proches de la Russie dans le conflit ukrainien.
"Si nous souhaitons réorienter l'Union européenne, il est évident qu'il faut travailler les relations que nous pouvons avoir avec les uns et avec les autres", a affirmé dimanche Mme Le Pen à la presse en marge de la convention.
"Ce qui est sûr, c'est qu'il y a beaucoup de gens au sein de CRE qui ne sont pas du tout prêts, à mon avis, à faire une alliance avec Mme von der Leyen, (parce qu'ils) considèrent qu'elle est la grande responsable de la situation de nos pays", a-t-elle encore déclaré.
- "Submersion migratoire" -
Insistant sur les points de convergence entre les différents partis nationalistes, les responsables présents à Madrid ont multiplié les attaques contre les "élites" européennes et surtout l'immigration, thème qui a occupé la majeure partie du discours de Mme Le Pen.
"Des zones entières de mon pays, la France, sont livrées à la submersion migratoire et échappent aujourd'hui à l'autorité de l'État", a-t-elle lancé.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans le centre de Madrid contre la tenue de cette réunion, qui a également été condamnée par le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez.
"L'Internationale de l'extrême droite se réunit aujourd'hui en Espagne", car "l'Espagne représente ce qu'ils détestent: le féminisme, la justice sociale, la dignité du travail, l'État-providence et la démocratie", a-t-il écrit sur X.
Le nom de M. Sánchez a été hué à plusieurs reprises lors de la convention, au cours de laquelle le président argentin Javier Milei a vilipendé le "socialisme", comparé à une forme de "cancer", dans un discours aux accents guerriers.