Partager:
Tout en affirmant rester vigilant, le gouvernement britannique s'est félicité lundi d'une "désescalade" dans les émeutes d'extrême droite qui ont secoué le pays pendant une semaine et sont suivies d'une réponse ferme de la justice.
"Nous nous réjouissons de la désescalade qui a eu lieu ce week-end", a indiqué une porte-parole du Premier ministre travailliste Keir Starmer, assurant que le "travail ne (serait) pas terminé tant que les gens ne se (sentiraient) pas en sécurité".
"Nous ne voulons pas nous contenter" de ce retour au calme, a-t-elle toutefois prévenu auprès des journalistes, "et nous restons en état d'alerte".
Ces émeutes, les plus impressionnantes qu'a connu le Royaume-Uni depuis 2011, ont visé des mosquées et des centres d'hébergement pour migrants un peu partout dans le pays, blessant des dizaines de policiers.
Ces violences racistes et xénophobes ont éclaté après l'attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes de six, sept et neuf ans lors d'un cours de danse le 29 juillet à Southport, dans le nord-ouest de l'Angleterre.
Des rumeurs sur le suspect, présenté comme un demandeur d'asile musulman, ont été diffusées par d'influents comptes d'extrême droite sur les réseaux sociaux, conduisant à cette explosion de violence dans la rue dès le lendemain dans une douzaine de villes d'Angleterre et d'Irlande du Nord.
La police a dû se résoudre à dévoiler l'identité du suspect, Axel Rudakubana, un adolescent de 17 ans né à Cardiff dans une famille originaire du Rwanda, un pays très majoritairement chrétien.
La police ne considère pas, à ce stade, que cette attaque soit liée au terrorisme.
- Défilé au tribunal -
Samedi, des milliers de Britanniques ont participé à de nouvelles manifestations antiracistes à Newcastle et Manchester (nord de l'Angleterre), Cardiff (pays de Galles), Glasgow et Edimbourg (Ecosse) ou encore dans la capitale Londres, rassemblant dans le calme des centaines de personnes.
En Angleterre, les derniers heurts remontent à lundi dernier à Plymouth. En Irlande du Nord, des attaques contre des commerces tenus par des immigrés ont encore eu lieu mercredi et jeudi.
Les autorités attribuent cette accalmie à la réponse judiciaire très ferme du nouveau gouvernement travailliste, au pouvoir depuis début juillet au Royaume-Uni.
Ancien directeur du parquet, le Premier ministre Keir Starmer n'a pas tardé à activer la machine judiciaire pour dissuader les émeutiers, s'appuyant notamment sur la diffusion des audiences de prononcés de peine à la télévision et des portraits des personnes poursuivies dans les médias.
Au total, plus de 900 personnes ont été arrêtées et plus de 450 ont été inculpées pour violences ou incitation à la haine en ligne, a indiqué lundi le NPCC, l'organisme qui regroupe les chefs des différentes forces de police du pays.
Les suspects ont défilé sans perdre de temps devant les tribunaux, y compris pendant le week-end, avec des condamnations sévères, souvent de la prison ferme, pour des casseurs mais aussi pour des internautes accusés d'avoir incité à la haine en ligne.
- Enfants de 12 ans -
Deux enfants de 12 ans, considérés comme les plus jeunes mis en cause, ont reconnu lundi des violences durant des rassemblements anti-migrants et islamophobes.
Ayant plaidé coupable, ils seront fixés sur leur peine ultérieurement sans procès.
L'un d'eux a reconnu avoir participé au caillassage d'un autobus devant un hôtel hébergeant des migrants le 31 juillet, puis avoir visé la vitrine d'un magasin de cigarettes électroniques et lancé un projectile vers la police le 3 août.
Quelque 273 des personnes inculpées verront leur cas examiné par le bureau du procureur en Angleterre et au Pays de Galles, qui s'occupe des affaires les "plus graves", a-t-il précisé lundi.
Elles risquent des peines d'emprisonnement allant jusqu'à 10 ans au titre de l'infraction la plus grave, à savoir l'émeute, a averti le chef du parquet Stephen Parkinson.
Downing Street s'est félicité lundi de cette "réponse rapide du système judiciaire", qui a permis "en l'espace de quelques jours d'arrêter, inculper, condamner et emprisonner des criminels".
Malgré ce répit, le Premier ministre Keir Starmer a annulé des vacances prévues en Europe afin de rester concentré sur la crise, a précisé la même source.