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Administrer une alimentation riche en protéines aux patients admis en soins intensifs serait plus néfaste que bénéfique, révèle une étude belgo-néerlandaise publiée vendredi dans la revue médicale The Lancet. "Pour les patients gravement malades, cela n'apporte aucune valeur ajoutée au cours des premières semaines", affirment les chercheurs.
"Les patients en soins intensifs perdent de la masse et de la force musculaires. Les muscles contiennent des protéines, qui sont perdues et dégradées", explique le professeur Dieter Mesotten de l'hôpital Oost-Limburg de Genk, interrogé par De Ochtend. Jusqu'à présent, les patients recevaient un apport supplémentaire en protéines afin de compenser cette perte de masse musculaire. "Or, l'étude montre que l'apport en protéines ne compense ni ne freine cette perte. Les patients continuent de perdre de la force musculaire", observe le professeur, co-auteur de l'étude.
Selon ce dernier, administrer des protéines supplémentaires entraîne également une diminution de la qualité de vie à long terme. "Nous avons constaté que les patients ayant reçu une quantité de protéines supérieure à la normale voyaient leur séjour à l'hôpital se prolonger et subissaient davantage d'effets secondaires, tels que des nausées et des diarrhées", expose M. Mesotten. Celui-ci se dit "surpris" par les résultats "aussi négatifs" de l'étude, qui a été menée dans cinq hôpitaux belges et autant d'hôpitaux néerlandais.
Le professeur s'attend par ailleurs à ce que cette étude modifie les recommandations et directives actuelles de vigueur dans les hôpitaux. "Notre étude montre que les médecins intensivistes sont assez réticents à l'idée d'administrer des aliments riches en protéines aux patients en soins intensifs, particulièrement durant la phase aiguë d'une maladie critique," analyse-t-il.
L'étude suggère de privilégier un apport protéique plus important lors de la phase de rééducation, lorsque le patient est en mesure de se réadapter.