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Boire régulièrement, fermer les volets l'après-midi et aérer le soir: les personnes âgées ont parfois plus de mal à appliquer les gestes de prévention face aux températures élevées, alors qu'elles y sont particulièrement vulnérables. Le point avant les fortes chaleurs attendues en France à partir de samedi.
- Pourquoi les seniors sont-ils vulnérables ? -
Avec l'âge, la capacité physiologique à faire face aux fortes températures est amoindrie. "Les glandes sudoripares, qui permettent d'éliminer l'excès de chaleur par la transpiration, ne fonctionnent plus de manière efficace", explique à l'AFP Claude Jeandel, professeur de gériatrie à l'université de Montpellier. De plus, les personnes âgées sentent moins la soif, ce qui favorise la déshydratation.
A cela s'ajoute l'impact potentiel de maladies ou de certains traitements, plus fréquents avec l'avancée en âge. Attention notamment aux psychotropes qui peuvent créer un effet sédatif et aux diurétiques qui favorisent la déshydratation.
Maux de tête, crampes, malaise... L'exposition à la chaleur peut entraîner de nombreuses conséquences sur la santé, dont parfois des atteintes respiratoires ou cardiovasculaires risquant de conduire au décès.
L'agence Santé publique France estime ainsi que plus de 5.000 décès survenus l'été dernier sont attribuables à la chaleur. Dans 75% des cas, il s'agissait de personnes âgées de plus de 75 ans.
- Quels sont les bons gestes ? -
Comme pour la population générale, il est recommandé aux plus âgés de boire régulièrement, d'éviter de sortir aux heures les plus chaudes de la journée, de fermer les volets l'après-midi et d'aérer le soir. Il peut aussi être bénéfique de prendre des douches plus fréquemment ou de se rendre dans un lieu climatisé, par exemple une bibliothèque ou un centre commercial.
Mais les personnes âgées ont parfois des difficultés à effectuer ces gestes de prévention, en raison notamment d'une mobilité réduite. Par ailleurs, "les maladies neurodégénératives font que certains seniors sont moins capables de comprendre les consignes de prévention ou de les appliquer", indique également le professeur Jeandel.
Dans ces cas, l'aide de l'entourage ou d'un professionnel est clé. Lors de l'épisode caniculaire de 2003, de nombreuses personnes âgées isolées figuraient parmi les 15.000 victimes décédées.
- Quelles mesures ont été prises depuis 2003 ? -
Un "plan canicule" est désormais en place chaque année du 1er juin au 15 septembre. Il prévoit notamment que les municipalités tiennent des registres de personnes âgées à contacter par téléphone, lors de chaleurs excessives.
Le réflexe a bien été adopté par les communes mais cela reste insuffisant, estime auprès de l'AFP Yann Lasnier, délégué général des Petits Frères des Pauvres. D'autant que l'inscription au registre se fait sur la base du volontariat, donc "certains peuvent passer sous les radars".
Cette association de lutte contre l'isolement des seniors plaide notamment pour le développement d'initiatives "citoyennes", faciles à mettre en place et pas forcément coûteuses. Elle recense par exemple des "oasis fraîcheur", des lieux climatisés (restaurants, halls d'entreprises, etc.) qui acceptent d'accueillir gratuitement des personnes pendant un temps donné lorsqu'il fait chaud.
Pour les particuliers, "tout simplement, aller s'enquérir de la santé de l'autre, ça peut sauver des gens", ajoute Yann Lasnier.
- Et les maisons de retraite ? -
Le plan canicule prévoit également des protocoles spécifiques dans les structures de soins aux personnes âgées. "Les Ehpad sont rodés à l'exercice", indique à l'AFP Guillaume Marzocchi, directeur par intérim de la Fnadepa, une association de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées.
Les structures surveillent la température en intérieur, ferment les volets aux heures les plus chaudes, arrosent parfois leurs façades les plus exposées. Elles disposent au moins d'une salle commune climatisée où les résidents peuvent s'installer.
Le personnel leur propose plus fréquemment de boire et leur préparent des repas froids.
Des mesures peu compliquées mais "chronophages": "on renforce les équipes pendant cette période, malgré les difficultés financières des établissements cette année", souligne Guillaume Marzocchi.
En effet, de nombreux Ehpad sont dans le rouge du fait de la hausse de leurs coûts de fonctionnement en raison de l'inflation, qui n'est pas compensée par les dotations publiques.