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"Monsieur Aznavour": comment Tahar Rahim a incarné le monument de la chanson française

Avec "Monsieur Aznavour", Grand Corps Malade et Mehdi Idir dévoilent les coulisses de la vie d’un homme qui n’a jamais cessé de se battre pour conquérir le monde, même face aux critiques les plus dures.

RTL Info : Grand Corps Malade et Mehdi Idir, vous êtes les coréalisateurs du film Monsieur Aznavour, qui retrace la vie du chanteur et qui sort le 23 octobre. "Monsieur Aznavour", c'est une fresque historique qui raconte toute la vie de Charles Aznavour. Depuis combien de temps aviez-vous cette idée en tête ? 

Grand Corps Malade : Avec Mehdi, on a eu la chance de bien connaître Charles Aznavour, et ce projet est né avec lui. Il nous avait validé l projet du biopic, et on a même failli commencer à l’imaginer ensemble. Mais au moment de se lancer, malheureusement, il est décédé en octobre 2018. Donc, évidemment, on a mis le projet en pause. On a fait un autre film, "La vie scolaire", puis quelques années plus tard, la famille avait envie que ça se fasse, et nous aussi. On a donc repris l’écriture, avec cette force et cette légitimité qu’il nous avait accordées, sachant que c’était à nous de faire ce film.

Pourquoi lui ? Vous avez dit que c'était "le plus grand", plus grand que Johnny et que les autres. Pourquoi retracer sa carrière à lui ?

Mehdi Idir : On a toujours été fans d'Aznavour. Pour moi, il a toujours fait partie de ma vie. Il se décrivait comme un "comédien de la chanson". Sa force, c'était de se mettre à la place des personnages et de raconter leur vie comme personne. On peut faire le test : si vous demandez ici à chacun ses trois chansons préférées de Charles, vous verrez que les réponses sont différentes à chaque fois. Il a marqué tellement de générations avec des morceaux variés.

Vous avez fait un énorme travail de préparation pour ce film. Vous avez écouté des heures d’interviews, consulté toutes les archives sur lui, et même écouté ses 1.200 chansons. Vous avez vraiment tout exploré avant de commencer ?

Grand Corps Malade : Peut-être pas les 1.200 en entier, mais on s’en est rapproché ! On a vraiment épluché toutes ses biographies, ses autobiographies, les documentaires, et on a eu la chance d’avoir accès aux archives personnelles de la famille. Des films privés où on voit Charles chez lui, en vacances, avec ses enfants… Tout ça nous a nourris pour le film.

Vous racontez ses succès, mais aussi ses galères et les critiques qu’il a subies, comme "trop petit", "pas beau", "voix étrange". Vous avez aussi vu une leçon de pugnacité dans son histoire ?

Mehdi Idir : Complètement. En tant qu’artiste, il faut une part d’inconscience et une foi inébranlable en son talent. Charles a reçu des critiques d'une violence incroyable, certaines même racistes. C’était vraiment dur, mais cela lui a donné une force supplémentaire. Il a prouvé à tout le monde qu’ils avaient tort.

Tahar Rahim incarne Charles Aznavour dans le film. Comment avez-vous choisi cet acteur pour ce rôle ?

Grand Corps Malade : C’est notre directeur de casting, David Bertand, qui a pensé à lui avant même que nous y réfléchissions. Il mérite tout notre respect pour ça.

Et au-delà de la ressemblance physique, Tahar Rahim a vraiment fait un travail incroyable ?

Mehdi Idir : Oui, c'est impressionnant. Tahar s’est totalement investi dans ce rôle. Il a même commencé à parler comme Aznavour six mois avant le tournage pour s’imprégner du personnage. Sa femme nous a envoyé un message pendant le tournage en disant : "Il engueule les enfants comme Aznavour, c’est trop !"

Il a aussi appris à jouer du piano pour être encore plus proche du personnage ?

Grand Corps Malade : Oui, il joue lui-même du piano et chante dans le film. Il a pris des cours de chant et de piano six mois avant le tournage. Il ne voulait rien laisser au hasard. Tahar a une éthique de travail impressionnante, tout comme Aznavour.

Charles Aznavour était aussi connu pour être un éternel insatisfait, toujours dans ses projets, parfois au détriment de sa famille. Vous vous retrouvez dans cet aspect de sa personnalité ?

Grand Corps Malade : Oui, on est artistes, donc forcément on se reconnaît dans certains aspects. Il arrive qu’on soit physiquement présent, mais qu’on soit ailleurs, en train de penser à un projet. On le montre dans le film, Charles a fait des sacrifices pour réussir. J’espère qu’on est un peu plus équilibrés dans notre vie privée, mais il y a des similitudes.

Mehdi Idir : C’est vrai, ça nous a aidés pour écrire certains dialogues. On a mis de la véracité dans les scènes grâce à nos propres expériences.

Vous montrez aussi l’émotion que ressentait Charles en recevant des ovations du public. C’est une émotion que vous connaissez bien, non ?

Grand Corps Malade : Oui, bien sûr. On sait ce que c’est. Mehdi m’a filmé pendant mes premières années sur scène. On connaît l’émotion de monter sur scène, de recevoir les projecteurs, de découvrir le public. On a voulu retranscrire cela dans le film, au son et à l’image.

Qu'avez-vous découvert sur Aznavour en préparant ce film que vous ne saviez pas auparavant ?

Mehdi Idir : Je savais qu'il travaillait beaucoup, mais pas à ce point-là. Après ses premiers succès, il aurait pu se reposer sur ses lauriers, mais au contraire, il a redoublé d’efforts. Il voulait conquérir le monde, traduire ses chansons en anglais, espagnol, allemand. C'était impressionnant.

Grand Corps Malade : Oui, plus ça marchait pour lui, plus il travaillait. Il avait toujours cette envie de progresser.

Et enfin, la question la plus compliquée : quelle est votre chanson préférée d'Aznavour ?

Mehdi Idir : Ça change souvent pour moi. En ce moment, c’est "Reste", une chanson des années 60. Je la recommande vraiment, elle est magnifique.

Grand Corps Malade : Moi, je dirais "Désormais". J’adore ce qu’elle raconte, et la musique est incroyable.

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