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Elle incarne une forme de Beauté intemporelle et fait l'objet d'une incroyable attraction depuis 500 ans : La Joconde. Elle est l'œuvre d'art la plus célèbre, l'une des plus mystérieuses aussi, et peut-être la plus détournée sur les réseaux sociaux. Il y a quelques semaines, le président français a annoncé qu'elle aurait une salle à part entière au Louvre, tant les visiteurs du monde entier se déplacent pour la voir.
Le Louvre est le musée le plus visité au monde, accueillant près de 30.000 visiteurs par jour, principalement des touristes venus admirer l'œuvre d'art la plus célèbre du monde : la Joconde, un tableau de 77 cm sur 53.
La plupart des gens ne la regardent pas
En moyenne, les visiteurs ne passent que 15 secondes devant le visage de la Joconde, juste le temps de prendre un selfie. "La plupart des gens ne regardaient pas vraiment le tableau. Ils se prenaient en photo ou se regardaient eux-mêmes", explique Éric Turquin, ancien élève de l'École du Louvre et expert en peinture. Il a vu défiler de nombreux visiteurs, qu’ils soient rêveurs, passionnés ou indifférents.
L'expert en peintures anciennes poursuit : "Si vous êtes un touriste chinois et que vous venez à Paris, la première question que vos amis vous poseront, c'est 'As-tu vu la Joconde?'. Mais rarement, le touriste parlera de son ressenti, car aujourd'hui, plus personne ne regarde ce tableau avec un œil neuf", ajoute Éric Turquin.
Mais pourquoi ce tableau suscite-t-il autant d’intérêt et de fascination ?
Une œuvre énigmatique
Il y a plus de 500 ans, Léonard de Vinci a utilisé une technique appelée "sfumato", qui consiste à estomper les contours du sujet, rendant son expression mystérieuse. "Ce tableau est flou parce qu'on ne saisit pas bien son émotion. Parfois, on dirait qu'elle sourit, mais selon l'angle, on ne le voit plus. On a aussi l'impression qu'elle nous suit du regard. On ne se sent pas face à un être humain ordinaire", explique Inga Rossi Schrimpf, directrice des collections des musées royaux des Beaux-Arts.
L’identité de la Mona-Lisa reste également incertaine. On pense qu'il pourrait s'agir de Lisa Gherardini, l'épouse d’un marchand de soie florentin, mais le mystère autour de son identité alimente l’intérêt pour cette figure au regard mélancolique et au sourire énigmatique. "Ce qui est fascinant dans ce tableau, ce n’est peut-être pas le portrait d'une personne réelle, mais plutôt ce que Léonard a cherché à capturer : l’essence de la beauté milanaise, la définition de la plus belle femme de Milan", précise Éric Turquin. En effet, les traits de la Mona-Lisa sont lisses et sans accent particulier.
Il y a aussi des ambiguïtés sur le genre de la Mona-Lisa. Et si elle était un homme ? Certains chercheurs pensent que Léonard de Vinci, fasciné par l’androgynie, aurait utilisé deux modèles : un homme et une femme.
La première influenceuse ?
La Joconde est devenue une véritable icône, omniprésente dans la culture populaire, des clips vidéo au cinéma, en passant par le théâtre et les détournements sur Internet. "Le succès de la Joconde se joue en dehors du Louvre", observe Inga Rossi Schrimpf. "Au final, la Joconde n'est presque plus un tableau. C'est triste", confie Éric Turquin.
Le tableau ne quittera jamais le Louvre, puisqu’il fait partie de la collection des rois de France. Si la Joconde devait être redessinée aujourd'hui, elle ressemblerait probablement à une influenceuse moderne.