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Sauver des vies grâce à la chirurgie n'est pas une exclusivité humaine. Une étude suisse publiée dans la revue Current Biology montre que certaines fourmis amputent de manière ciblée les membres de leurs congénères blessées.
Dans cette étude menée sous la direction de Laurent Keller, ancien professeur au Département d'écologie et d'évolution de l'Université de Lausanne (UNIL), Erik Frank, Denis Buffat et des collègues japonais montrent que chez les fourmis charpentières de Floride (Camponotus floridanus), le choix du soin - amputation ou nettoyage de la plaie - est adapté au type de blessure.
Dans un article publié l'an dernier, les auteurs avaient découvert qu'un autre groupe de fourmis, Megaponera analis, utilise une glande - présente chez la plupart des espèces de fourmis - (la glande métapleurale) pour désinfecter les blessures avec des composés antimicrobiens.
Les fourmis charpentières de Floride, qui n'ont pas de glande métapleurale, emploient d'autres moyens pour soigner leurs congénères, notamment la chirurgie, ont constaté les scientifiques. Deux types de soins ont été identifiés: soit les fourmis amputent la patte blessée, soit elles nettoient la plaie avec leurs mandibules.
Lors de blessures au niveau du fémur, les chercheurs ont observé que les fourmis amputaient toujours la patte blessée. En revanche, lors des blessures au tibia, elles n'amputaient pas la patte, mais nettoyaient la blessure avec leurs mandibules. Dans les deux cas, ces interventions ont permis d'augmenter considérablement le taux de survie des individus blessés.
Selon les auteurs, le type de soin prodigué semble lié au risque d'infection en lien avec l'emplacement de la blessure.
Quant à savoir comment les fourmis sont capables de soins si sophistiqués, Laurent Keller y voit "un comportement inné". "Bien que les comportements des fourmis changent en fonction de l'âge d'un individu, il y a aujourd'hui très peu de preuves d'apprentissage", dit-il.