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Le réchauffement de la mer a ralenti le rétablissement de la Grande barrière de corail, selon une étude publiée mercredi qui note une baisse de 90% de nouveaux coraux depuis deux récents épisodes de blanchissement dus à des vagues de chaleur.
La Grande Barrière de corail, ensemble de récifs de 2.300 km situé au nord-est de l'Australie et classé au patrimoine mondial de l'Unesco, a connu quatre épisodes graves de blanchissement ces 20 dernières années, en 1998, 2002, 2016 et 2017.
Les auteurs de l'étude publiée dans Nature se sont penchés sur les deux derniers: un an après, il y avait 89% de nouveaux coraux en moins que la moyenne.
Les chercheurs ont estimé le nombre de coraux adultes ayant survécu à ces étés particulièrement chauds ayant provoqué le blanchissement. Ils ont ensuite noté une "chute" dans le remplacement de ces coraux, comparé aux niveaux mesurés les années précédentes. Jusqu'à 93% pour les acropores, coraux buissonnants qui abritent de nombreuses espèces.
"Nous n'avions jamais pensé découvrir une anomalie de cette ampleur", a commenté Andrew Baird, co-auteur de l'étude.
L'équipe estime qu'il faudra entre cinq et dix ans pour que la production de bébés coraux se rétablisse complètement, et seulement à la condition que la barrière soit épargnée par un autre épisode de blanchissement.
Le blanchissement des coraux est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration. Il est provoqué par la hausse de la température de l'eau, qui entraîne l'expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur et ses nutriments.
Les récifs, particulièrement sensibles aux variations de température, peuvent s'en remettre si l'eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste.
"Les coraux morts ne se reproduisent plus (...). Moins de bébés signifie que le rétablissement sera plus lent", note Terry Hughes, spécialiste des coraux à l'université australienne James Cook.
"La question est: est-ce que ce rétablissement sera interrompu par un autre épisode massif de blanchissement lié à l'accélération du réchauffement climatique?", poursuit-il, évoquant un risque de modification majeure des récifs.
Ainsi, les chercheurs ont constaté qu'en 2017, les coraux avaient subi une chaleur plus forte qui avait provoqué les mêmes dommages que l'année précédente, suggérant une adaptation de la barrière avec le développement d'espèces de coraux plus résistantes à la chaleur.
Mais il y a une limite à ce que les récits peuvent endurer, met en garde une autre membre de l'équipe de chercheurs. "Il est peu probable d'échapper à un cinquième ou un sixième épisode dans les dix ans qui viennent", note Morgan Pratchett.
"Nous pensions que la Grande barrière était trop grande pour s'effondrer. Jusqu'à maintenant".