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Comment sauver les 170.000 tonnes de vêtements jetées chaque année grâce à la "magie" de l’upcycling?

Au centre de tri des Petits Riens, on sélectionne les plus belles pièces pour les revendre en seconde main. Mais, sur les 7.000 tonnes reçues chaque année, seuls 20% peuvent ainsi être sauvés. Le reste part au recyclage, à l’export ou simplement, à la poubelle. Et pourtant, il y a une alternative...

En Belgique, 170.000 tonnes de vêtements sont jetées chaque année. Pour minimiser cet énorme gâchis, certains se mettent à l’upcycling. Plus que du recyclage, la technique permet de sauver des vêtements abîmés ou démodés, grâce à une bonne dose de créativité. 

Des montagnes et des montagnes de vêtements usés dans les entrepôts, les Belges sont les champions d’Europe des déchets textiles, avec près de 15kg de vêtements jetés par habitant chaque année. 

Au centre de tri des Petits Riens, on sélectionne les plus belles pièces pour les revendre en seconde main. Mais, sur les 7.000 tonnes reçues chaque année, seuls 20% peuvent ainsi être sauvés. Le reste part au recyclage, à l’export ou simplement, à la poubelle. 

C’est une manière de réduire la proportion envoyée au recyclage ou dans les déchets

Pour limiter ce gâchis, un quatrième débouché a donc été créé, celui de l’upcycling. "L’objectif c’est de vraiment faire durer encore plus longtemps le cycle de vie du vêtement et donc de vraiment par une modification du vêtement le proposer dans nos magasins et de créer des pièces uniques. Effectivement, c’est une manière parmi d’autres de réduire la proportion envoyée au recyclage ou dans les déchets", note Claudia Van Innis, la chargée de communication des Petits Riens.

L’upcycling peut se traduire par "sur-cyclage", plus que le recyclage, la démarche vise à réutiliser un objet en lui donnant une valeur supérieure. Le vêtement sera amélioré, modifié pour être plus beau, plus à la mode ou mieux ajusté. 

Claudia nous montre une très bonne candidate à l'upcycling : "elle est ce qu’on appelle une blouse mamie. La matière est très belle, le motif est sympa. Par contre la coupe est vraiment démodée. On va retravailler le col etc. On va vraiment la remettre au goût du jour".

Un coup de jeune pour cette "blouse mamie", qui va s’opérer à l’atelier de couture. "Ce qu’on va pouvoir en faire, c’est commencer par découdre le col pour venir y ajouter un petit bord côte pour changer tout à fait son look", explique Astrid Vander Heyden, la responsable de l’Atelier couture du Label Jaune. En quelques heures, notre chemise classique se transforme en blouson moderne. 

3.000 pièces sont ainsi "upcyclées" chaque année par les trois employées et la quinzaine de bénévoles de cet atelier. Un travail artisanal qui, au-delà de l’aspect environnemental, permet aussi de développer une créativité nouvelle. 

"On a reçu un lot de manteaux, ils étaient tous les mêmes, on en a fait des produits différents puisqu’on est venu mettre un tissu différent pour chaque pièce, encore une fois la même intervention et une pièce unique au final", souligne Astrid Vander Heyden.

Une fois en boutique, ces pièces uniques pourront être vendues un peu plus chères que la seconde main classique. Mais l’upcycling peut se faire encore plus accessible. Pour les plus débrouillards, il est même à portée de main.

L’industrie textile = 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre

Dans l’atelier de Juliet Bonhomme, les particuliers apprennent à faire leurs propres vêtements, à partir de tissus récupérés. 

"L’idée c’est vraiment de prouver à tout le monde que coudre est accessible. Et qu’on peut vraiment le faire en réutilisant des tissus qu’on a déjà. Par exemple, on utilise des vieux rideaux, des tapisseries, des couvertures et c’est vraiment la magie de transformer du vieux pour en faire du nouveau", détaille Juliet Bonhomme, la fondatrice de l’Upcycling Lab .

Un savoir-faire qui était une évidence il y a encore quelques générations, mais qui n’a pas toujours été transmis. 
 
"On a vraiment ici une prise de conscience psychologique de se dire : je l’ai fait  donc ça a plus de valeur. Cela montre aussi aux participants qu’un vêtement a une valeur, le temps qui a été pris pour coudre droit, quand on l’apprend nous-mêmes, on réalise qu’en fait ce qu’on porte, il y a du temps et il y a des gens derrière, donc ça redonne aussi de la valeur aux vêtements qu’on a", estime Juliet.

Une fierté du fait-maison et un changement de mentalité vis-à-vis de nos vêtements, l’upcycling invite à une mode plus responsable. Un message crucial, alors que l’industrie textile reste l’une des plus polluantes, responsable à elle seule de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

 

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