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Un mort et des dizaines de malades après avoir mangé au McDonald’s: la bactérie E. coli est-elle si dangereuse ?

Une contamination par la bactérie Escherichia coli a provoqué un décès et touché plusieurs dizaines de personnes aux États-Unis après avoir consommé un hamburger chez McDonald’s. Ce type d’infection peut causer des complications graves, bien que rares, notamment chez les jeunes enfants et les personnes âgées. Heureusement, toutes les souches ne présentent pas le même risque. Si certaines peuvent être pathogènes, la plupart sont inoffensives.

McDonald's est dans la tourmente depuis un drame sanitaire survenu le 22 octobre aux États-Unis. Au total, 49 personnes ont été infectées par la même souche de la bactérie E.coli présente dans un hamburger, et dix ont dû être hospitalisées. Une personne âgée a malheureusement succombé aux suites de l'infection.

En Belgique aussi, des cas similaires ont déjà eu lieu. En 2013, une fillette de 9 ans est décédée après avoir contracté E. coli en consommant de la viande insuffisamment cuite. Plus récemment, en 2024, une adolescente de 14 ans a été emportée en seulement sept jours par cette même bactérie. Chez nos voisins français, environ 160 cas graves d'infection à Escherichia coli sont recensés chaque année, avec un décès estimé tous les un à deux ans.

Escherichia coli, c'est quoi ?

La bactérie Escherichia coli, du nom de son découvreur Theodor Escherich qui l’a identifiée en 1885, appartient à la famille des Escherichia. Elle est très commune dans l’intestin des mammifères, et notamment des humains, où elle constitue une grande partie de la flore intestinale. Cette bactérie est dite "commensale", ce qui signifie qu’elle coexiste généralement sans causer de problèmes de santé.

"Escherichia coli, c'est la bactérie aérobie la plus prévalente de la flore digestive de l’homme et des animaux. Bien que la plupart des souches soient inoffensives et même bénéfiques pour l’homme, il existe une grande diversité d’E. coli et une minorité peuvent être pathogènes", explique Samy Mzougui, microbiologiste au CHU de Liège. "Ces souches peuvent causer tous types d’infections, intestinales et extra-intestinales, comme des infections urinaires ou abdominales, en fonction de facteurs de virulence qui leurs sont spécifiques." Parmi les E. coli responsables de gastro-entérites, les plus virulents sont les STEC, les E. coli producteurs de Shiga-toxines, aussi appelés EHEC pour E. coli entérohémorragiques.

Si elle reste rare, l'infection par une bactérie porteuse de Shiga-toxine peut entraîner des symptômes comme des diarrhées souvent sanglantes, des douleurs abdominales intenses et des vomissements. "Les symptômes apparaissent généralement après 3 à 4 jours et sont divisés en 2 phases. Une diarrhée aqueuse, qui évolue rapidement en diarrhée sanglante dans 50-80% des cas. Cette diarrhée peut durer de 2 à 10 jours. Dans environ 10% des cas, l’infection se complique d’un syndrome hémorragique-urémique environ 1 semaine après le début des symptômes", détaille le microbiologiste.

Le syndrome hémolytique et urémique, aussi appelé SHU, se manifeste par "une anémie hémolytique, une thrombopénie et une insuffisance rénale aiguë". En d'autres termes, une dégradation des globules rouges, une baisse du nombre de plaquettes dans le sang, et une altération du fonctionnement des reins.

Ce syndrome, peu dangereux pour les adultes, peut l'être pour les personnes vulnérables comme les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées. "Les enfants sont plus à risque de développer un syndrome hémorragique-urémique post-diarrhée. Ces gastro-entérites à STEC compliquées d’un SHU peuvent dans de rares cas engager le pronostic vital chez les enfants et constituent plus largement la principale cause d’insuffisance rénale aiguë chez les jeunes enfants", souligne-t-il.

Quelles sont les sources de contamination ?

Les sources de contamination sont variées et dépendent du type d’infection. Pour les infections extra-intestinales, comme les infections urinaires ou abdominales, "il s’agit généralement de notre propre flore". En revanche, pour les infections intestinales, la contamination est principalement d’origine alimentaire. "Les bovins constituent le réservoir principal des Shiga-toxines, et nous pouvons nous contaminer par ingestion de viande hachée mal cuite, de produits laitiers crus, d’eau contaminée ou encore par contact direct avec les bovins."

Il existe également des risques de transmission interhumaine, notamment par "la voie féco-orale" entre personnes infectées. "D'où l'importance d'une bonne hygiène des mains en les lavant régulièrement", insiste Samy Mzougui.

En outre, une bonne cuisson de la viande est essentielle pour limiter les risques d’infection. Si la bactérie Escherichia coli peut résister aux basses températures, elle est vulnérable à la chaleur. Une température comprise entre 60 et 90 degrés est suffisante pour la détruire.

On observe une augmentation de la mise en évidence des infections gastro-intestinales liées à des E. coli

Qu'en est-il de l'évolution des infections liées à cette bactérie ? “On observe une augmentation de la mise en évidence des infections gastro-intestinales liées à des E. coli, notamment celles productrices de Shiga-toxine", constate le microbiologiste. Cependant, cette hausse reflète vraisemblablement“l’arrivée récente de techniques moléculaires facilitant la détection de ces bactéries plutôt qu’une véritable augmentation des cas". C'est pourquoi il est nécessaire de prendre du recul avec l'utilisation de ces nouvelles techniques avant de tirer des conclusions.

Enfin, même si la prudence reste de mise, il ne faut pas pour autant être alarmiste, tempère Samy Mzougui : "La plupart des infections gastro-intestinales à E.coli, y compris ceux producteurs de Shiga-toxines, sont souvent bénignes et ne nécessitent pas d'intervention spécifique si ce n'est un traitement des symptômes", rappelle-t-il, ajoutant que ces infections "passent souvent inaperçues."

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