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Toute cette semaine, RTL info revient sur les problématiques majeures dans les communes wallonnes et bruxelloises. Nous avons analysé les propos tenus par vos bourgmestres durant les "48h des bourgmestres." La mobilité est l’une des cinq thématiques récurrentes, avec en tête les embouteillages, qui perturbent non seulement les trajets quotidiens, mais entraînent aussi des répercussions négatives sur la qualité de vie et la santé des habitants.
De nombreuses communes font face à des défis importants liés à la circulation et au manque d’infrastructures pour les modes de transport doux, comme les pistes cyclables et les espaces piétons. La sécurité routière, en particulier autour des écoles et dans les centres urbains, est également un enjeu crucial.Parmi ces préoccupations liées à la mobilité, plusieurs dizaines des communes telles que Uccle, Flémalle, Saint-Ghislain, Berchem-Sainte-Agathe, Forest ou encore Ganshoren signalent des problèmes récurrents de congestion routière. Des embouteillages qui surviennent principalement dans des villes ou communes à forte densité.
Entre le 1er janvier et le 1er juillet derniers, les automobilistes belges ont ainsi passé en moyenne 6 minutes et 32 secondes par jour à l'arrêt dans les embouteillages, soit l'équivalent de 39 heures et 75 minutes perdues sur une année. Cela représente une augmentation de 3 % par rapport à la même période en 2023, selon les chiffres du Belgian Mobility Dashboard de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB).
Un impact sur la santé mentale
Affronter les embouteillages aux heures de pointe n'est pourtant pas sans conséquences pour la santé. Dans une étude menée par des chercheurs de l'hôpital universitaire d'Inha en Corée, un lien a pu être établi entre la durée des trajets domicile-travail et les symptômes dépressifs. Les résultats montrent qu'un temps de trajet quotidien supérieur à une heure augmente de 16 % le risque de développer des symptômes dépressifs.
"Plusieurs études ont démontré que le temps passé dans les embouteillages peut majorer l'anxiété, mais aussi provoquer un sentiment d'inutilité et de perte d'efficacité", indique Gérald Deschietere, psychiatre et professeur à l'UCL. "Ce manque de contrôle sur le temps, si précieux dans notre monde contemporain, peut fortement affecter la santé mentale, car on a besoin de maîtriser le facteur temps afin d’avoir des vies assez réglées."
Pour le psychiatre, cette perte de contrôle a un impact sur les liens sociaux et entraîne un sentiment de culpabilité et d'angoisse lié à l'incertitude de l'heure d'arrivée au travail. En outre, "Il peut y avoir une perte de confiance dans le fait de travailler. Dans les cas extrêmes, certains travailleurs vont jusqu’à s’absenter du travail, car le stress de prendre la voiture le matin devient insupportable", ajoute Gérald Deschietere.
À cela s'ajoutent des conséquences physiques dues au stress, telles que "des maux de tête, des troubles du sommeil, de l'hypertension, et une consommation accrue de produits comme les sucreries ou le tabac", souligne-t-il. Cette exposition au stress derrière le volant peut également entraîner une baisse de l'immunité, ce qui rend les individus plus vulnérables à l'apparition de certaines maladies.
Le problème des particules fines
Au-delà de l'impact psychologique, les embouteillages peuvent avoir des effets tangibles sur la santé physique des usagers de la route. La pollution atmosphérique, particulièrement concentrée dans ces zones de trafic dense, est un facteur majeur de risque pour diverses maladies respiratoires et cardiovasculaires. "Les particules ultrafines, qui mesurent environ un micron, sont particulièrement problématiques car elles passent facilement la barrière alvéolaire pour entrer directement dans la circulation sanguine", explique Jean Pauluis, médecin et spécialiste en sciences et gestion de l'environnement. "Contrairement aux particules plus grosses, qui sont retenues par le nez ou la gorge, ces particules passent directement la barrière alvéolaire et déclenchent des réactions inflammatoires au niveau cardiovasculaire."
Le lien entre l'exposition aux particules ultrafines et les problèmes cardiaques, qu'ils soient aigus ou chroniques, est scientifiquement prouvé
"Lors des périodes de forte pollution, on observe une augmentation des admissions aux urgences pour des accidents cardiovasculaires. Le lien entre l'exposition aux particules ultrafines et les problèmes cardiaques, qu'ils soient aigus ou chroniques, est scientifiquement prouvé", précise le médecin. "Cela peut être des infarctus, des spasmes coronariens et à plus long terme des phénomènes comme de l'athérosclérose". En plus des risques cardiovasculaires, le trafic libère également des oxydes d'azote, des molécules qui peuvent exacerber des affections respiratoires comme l'asthme ou la bronchite chronique.
Malgré la présence de filtres à particules sur la plupart des véhicules modernes, les particules fines issues de la combustion des carburants réussissent encore à s'infiltrer dans l'habitacle. "Les particules fines sont très peu arrêtées par la plupart des filtres", confirme Benjamin Bergmans, chargé de la surveillance de l'environnement à l’ISSEP (Institut scientifique de service public). "Dans les habitacles des voitures, on retrouve à peu de choses près les mêmes concentrations en intérieur qu'en extérieur. Même si les véhicules plus récents sont équipés de filtres qui émettent moins de particules que les anciens modèles, les personnes vont en respirer. Elles passent partout, rien n'est étanche à ce genre de particules", détaille le spécialiste.
Quelles solutions ?
Face à ce constat inquiétant, plusieurs solutions sont envisagées pour réduire l'impact des embouteillages sur la santé des Belges. Pour Shirley Delannoy, chercheuse à l'institut Vias, il est nécessaire de "raccourcir la journée de travail en décalant les heures d'arrivée et de départ peut permettre d'éviter les heures de pointe", explique-t-elle. Elle recommande aussi de privilégier les mobilités douces, ou encore d'augmenter le recours au télétravail, surtout les jours les plus denses, à savoir le mardi et le jeudi.
Une autre alternative pour alléger le quotidien des conducteurs serait de travailler dans des implantations différentes. "Certaines sociétés bruxelloises possèdent des succursales en Wallonie, il serait donc intéressant de négocier la possibilité de travailler dans ces sites afin d'éviter Bruxelles et les grandes villes", ajoute-t-elle. Toutefois, elle précise que cette solution dépend de la taille et de l'organisation de chaque entreprise.
Enfin, le gouvernement belge a également mis en place des initiatives pour encourager l'utilisation des transports en commun et du vélo. Ainsi, le "Budget Mobilité" permet aux employés de choisir des alternatives à la voiture de société, comme des abonnements de transport public ou des vélos électriques. "Malheureusement, toutes les entreprises ne le proposent pas. Il ne faut pas oublier que la voiture reste un marqueur social très important pour de nombreux Belges. Avoir une voiture de société fait partie de ce facteur de réussite", pointe Shirley Delannoy. "Certains Belges préfèrent avoir la voiture plutôt que ce portefeuille mobilité. C'est une question de choix personnel", conclut-elle.
Retrouvez l'intervention de votre bourgmestre en intégralité sur cette page dédiée au "48h des bourgmestre."