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Le 9 juin prochain, nous irons voter dans le cadre des élections fédérales, régionales et européennes. On en parle beaucoup et cela peut entraîner des risques, notamment la multiplication de la désinformation et de fake news sur certains médias sociaux. Comment savoir si ce qu'on lit est réel ou pas? Comment démêler le vrai du faux? Voici quelques conseils.
A l'approche des élections européennes, le Centre de crise National met en garde contre la désinformation et les fakes news qui se multiplient sur les réseaux sociaux. Des fausses informations qui ont pour but de semer le doute au sein de la population, comme nous l'explique l'une des porte-paroles du centre de crise. "C'est pour affaiblir la démocratie, remettre le système en question", nous dit-elle.
Ce sont souvent des sujets controversés, polarisants et qui divisent qui seront au cœur de la désinformation. Des thématiques qui touchent tout le monde et qui sont donc plus susceptibles de faire débat. Cela part toujours de quelque chose qui existe vraiment pour être amplifié, modifié et déformé et ainsi semer le trouble.
Exemple des élections européennes
C'est le cas actuellement avec les élections européennes. On en parle beaucoup, partout et les choix de vote de chacun font débat. Une campagne de désinformation vise ainsi la présidente de la Commission européenne. Ursula Von der Leyen a en effet récemment été la cible de nombreuses critiques et de fausses informations circulent à son sujet sur les réseaux sociaux.
Parmi les fakes news que l'on peut trouver, il y a notamment cette publication: "Bulletins de vote manipulés trouvés par un habitant de Bad Reichenhall : des bulletins de vote pré-cochés pour les élections européennes ont été trouvés."
Il en existe beaucoup des exemples comme celui-là sur les médias sociaux, encore plus quand la plateforme concernée ne procède pas à un monitoring pour contrôler les informations qui sont véhiculées. "On assiste à une complexification dans la diffusion de la désinformation, car, depuis les dernières élections où il y avait moins de réseaux sociaux, il y en a maintenant de plus en plus. Certains réseaux sociaux vérifient à un moment donné les informations donc elles peuvent être supprimées. Mais certains ne font pas de vérification, les sources se multiplient et le travail de vérification devient plus conséquent", développe la porte-parole du Centre de crise National.
Un travail de vérification constant
Vérifier ce qui circule sur Internet, c'est le quotidien de Bernard Van Hecke. Il travaille au Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS). C'est l'un des deux services de renseignement belges. "Notre boulot, c'est de viser l'étranger. On fait un monitoring de toute forme de désinformation d'origine étrangère", nous explique-t-il.
Une fois que quelque chose de problématique est repéré sur Internet, cela remonte au niveau du Conseil national de Sécurité, c'est-à-dire auprès des autorités compétentes. Car ils sont très nombreux à lutter contre la désinformation en Belgique. "Il y a le Centre de crise National, le Centre pour la cybersécurité belge, la Sûreté de l’Etat, l'Ocam, les Affaires étrangères, les Affaires intérieures…", énumère le porte-parole du SGRS.
Et c'est un travail constant. "On fait ça toute l'année, de manière permanente, pas seulement à l'approche et pendant les élections", assure notre interlocuteur.
D'autres exemples de désinformation
Outre les élections, d'autres thématiques sont aussi la cible de désinformation: citons notamment l'EVRAS, le cours d'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle qui a été au cœur de nombreux débats voilà quelques mois. "Il n'a jamais été question d'apprendre à se masturber, ou autre. Mais on a vu de tout et n'importe quoi et l'EVRAS était un sujet polarisant, quelque chose de clivant. Une thématique qui touche et cette information a été instrumentalisée, créant des tensions", expose Bernard Van Hecke, avant d'ajouter: "Il est important de rappeler que cela a des conséquences réelles, cela oppose les gens entre eux."
Pour preuve, de nombreuses écoles ont été saccagées voire incendiées par des opposants à l'EVRAS.
Le porte-parole du SGRS cite encore un autre exemple plus récent: le rassemblement de la droite nationaliste à Bruxelles. Et on voit en effet sur les réseaux sociaux de nombreuses publications partageant de fausses informations concernant cette réunion.
"Il y a énormément de choses qui circulent sur Internet. On tape ça dans des moteurs de recherche et on trouve tout et n'importe quoi... On veut polariser mais dans le cadre des élections, c'est encore différent: on veut opposer les gens, affaiblir les autorités, saper les institutions, faire croire que voter ne sert à rien... On pourrait voir des contenus dire que les bureaux de vote sont truqués, par exemple", insiste Bernard Van Hecke.
Comment démêler le vrai du faux?
Face à tous ces contenus, comment démêler le vrai du faux? Comment savoir si ce que vous consultez est réel ou une fake news? Le premier conseil que l'on peut donner, c'est de garder un esprit critique. "Le problème aujourd'hui, c'est que les gens ne s'informent plus que par les médias sociaux. Combiné cela avec les algorithmes et vous n'avez plus aucun débat dans vos contenus. Vous voyez toujours la même chose, des contenus en lien avec ce que vous regardez. Il n'y a plus de débat dans le monde des médias sociaux, et les gens ne se posent pas toujours des questions", détaille le porte-parole du Service général du renseignement et de la sécurité.
Bernard Van Hecke insiste aussi sur le rôle des journalistes et de la presse à cet égard. "Les médias ont un rôle énorme à jouer dans la désinformation pour aider les gens à faire du fact-checking. Les gens doivent vérifier les informations, recouper leurs sources", dit-il. On peut partir du principe que s'il s'est passé quelque chose d'important, les médias en parleront forcément. Il ne faut donc pas se contenter de regarder ce qui se dit sur les réseaux sociaux, mais aller plus loin pour vérifier l'information.
Des gens sont payés en Belgique par des pays étrangers pour faire de la désinformation et partager de faux contenus
Il faut aussi regarder d'où provient l'information qu'on lit. Certaines plateformes, comme Telegram, sont plus à risque que d'autres, car aucune vérification n'y est effectuée. Notre interlocuteur parle d'un réseau sur lequel ses équipes travaillent régulièrement: Portal Kombat. "C'est un ensemble de sites et de comptes russes qui produisent 500 faux contenus par jour. Ils sont créés mais aussi amplifiés, et amplifiés par des gens qui sont soit conscients soit insconscients de ce qu'ils partagent. Il faut se dire qu'il y a des gens qui sont payés en Belgique par des pays étrangers pour faire de la désinformation et partager de faux contenus."
Il est parfois difficile de remonter jusqu'à la source d'une fake news tant les intermédiaires sont nombreux. Mais il existe des sites Internet qui permettent de vérifier la provenance et la véracité d'une information. Il ne faut pas hésiter à les utiliser.