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Alarmes, barrières ou encore couvertures: pourquoi les protections pour piscines ne sont-elles pas obligatoires en Belgique?

À Ostende, le petit Delano, 1 an, a échappé à la surveillance de sa maman et s'est noyé dans la piscine du jardin familial. Ce drame jette un coup de projecteur sur la problématique de la sécurisation des piscines privées. En Belgique, il n'y a aucune obligation pour les détenteurs, comme ça peut être le cas en France par exemple. Comment expliquer cette situation et est-elle amenée à changer?

Plus de 200.000. C'est le nombre de personnes qui meurent noyées chaque année dans le monde, selon l'OMS (Organisation mondiale de la Santé). Afin d'éviter les accidents, depuis 2006, la loi française impose que "toutes les piscines enterrées ou semi-enterrées privées" soient équipées d'un dispositif de sécurité aux normes.

Dès lors, nos voisins peuvent choisir parmi les trois protections suivantes pour rendre leur piscine plus "sûre":

  • Des barrières d'au moins 1,22 mètre qui entourent la piscine.
  • La mise en place d'une alarme qui détecte les mouvements autour du bassin.
  • Des bâches, couvertures ou rideaux de piscine.

Qu'en est-il chez nous?

Tout cela existe et peut être mis en place chez nous, mais rien ne l'oblige. Pourquoi? Nous avons posé la question à Patrice Dresse, directeur général de la fédération belge des professionnels de la piscine et du bien-être:

"Il y a eu des discussions avec le SPF Économie concernant les bonnes pratiques et les recommandations que nous faisons sur les risques de noyade. Nous sommes arrivés à la conclusion que les normes, comme elles existent en France, ne sont pas un garant absolu de la sécurité." Il explique alors qu'en Belgique, constatant que les techniques françaises n'étaient "pas probantes", on a fait le choix d'axer la campagne de sécurisation sur la prévention. C'est comme ça qu'est né "Tout baigne", mais nous y reviendrons.

Patrice Dresse va plus loin: "Les noyades comme celle que nous avons connue il y a quelques jours (NDLR: celle de Delano) sont toujours des drames, mais nous pourrions investir des dizaines de milliers d'euros dans des protections techniques, elles représentent un faux sentiment de sécurité."

Il s'explique:

  • "En France, la majorité des utilisateurs désactivent leur alarme parce qu'elle est fréquemment déclenchée par les animaux qui passent. De plus, il est courant de ne pas penser à la réactiver après une après-midi piscine."
  • "Les barrières, s'il fallait choisir, représentent la meilleure sécurité. Toutefois, personne n'est jamais à l'abri de les laisser ouvertes."
  • "Les couvertures sont très efficaces d'un point de vue énergétique, mais ne sont pas faites pour supporter le poids d'une personne. Au contraire, elles peuvent parfois être contre-productives tant des enfants qui tombent en dessous pourraient se retrouver coincés."

Force est de constater que les chiffres donnent raison à notre expert. Selon le SPF, le nombre d'accidents dans les piscines privées en Belgique s'élève à "une dizaine par an". À titre de comparaison, selon santé publique France, il y a eu plus de 270 noyades en piscine privée familiale à l'été 2021 en France. Il faut évidemment prendre en considération le nombre d'habitants qui est bien plus élevé. Mais malgré tout, les noyades restent la première cause de décès par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans chez nos voisins.

Patrice Dresse précise également qu'il existe des normes européennes, mais elles sont "non-harmonisées, donc pas obligatoires".

Que faire alors?

Selon le spécialiste, il n'y a malheureusement pas de formule miracle. "Il faut privilégier le bon sens, et apprendre à nager aux enfants le plus tôt possible", dit-il. La campagne "Tout Baigne", dont nous parlions plus haut et qui est à retrouver ICI donne plusieurs conseils pour faire trempette en toute sécurité.

La législation belge en matière de sécurisation des piscines n'est, a priori, pas prête de changer. Dès lors, cette campagne est reconduite chaque année.

À partir de quel âge faut-il apprendre aux enfants à nager?

Plusieurs spécialistes s'accordent à dire que 4 ans est un bon âge pour apprendre à nager. Toutefois, il est important de préciser que cela varie d'un enfant à l'autre.

Nous avons contacté l'ASBL Le Petit Bain de Nalinnes qui s'emploie justement à l'apprentissage de la natation pour les plus petits. Là, les enfants sont les bienvenus dès 3 ans, mais on constate que l'aisance de chacun dépend de "beaucoup de facteurs": "La fréquence à laquelle ils suivent des cours, leur affinité avec l'eau, s'ils n'ont pas peur de sauter dans l'eau et, comme pour tout, il y a une part d'inné. Certains enfants ont plus de facilités que d'autres."

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