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Le nombre de malades de la grippe a atteint des sommets ces derniers jours. Il y a de plus en plus de consultations, mais aussi d'hospitalisations, ce qui pose un vrai problème.
Le docteur Julien Szecel est au bord de l'épuisement. Depuis un mois, son service d'urgence, au CHU Liège, s'est transformé en salle d'hospitalisation. Partout, des patients atteints de symptômes grippaux. Impossible de leur trouver une chambre. L'hôpital est saturé.
"Monsieur nécessite une hospitalisation, mais il a dû rester. Aujourd'hui, c'est son troisième jour, trois jours, trois nuits, ici dans son box de consultation", présente-t-il.
J'ai dormi deux jours dans un brancard
Une cellule de 5 mètres carrés, sans fenêtre ni douche. Luc est atteint à la fois de la grippe et du Covid-19. Il est coincé dans cette pièce le temps qu'une chambre se libère. Sa voisine a attendu 15 jours. "J'ai dormi deux jours dans un brancard, et puis depuis cette nuit, j'ai un lit", raconte-t-il. "Vous vous lavez comment ?", lui demande-t-on. "Avec un bassin", répond Luc. "On a pas le choix".
Trois facteurs expliquent cette saturation extrême.
1. La virulence du virus. Cette année, la grippe est particulièrement agressive. En une semaine, le nombre d'infections respiratoires sévères s'est envolé à plus de 51%. "Il y a plus de cas de grippe avec des pathologies assez importantes. Donc des patients qui arrivent dans des états de manque d'oxygène important", confirme Julien Szecel.
2. Le manque de personnel. Geneviève Christiaens, la directrice médicale du CHU Liège, n'a pas eu le choix. Dans un service, il a fallu fermer 12 lits sur 30, en raison du sous-effectif. "On cohorte les patients, ça veut dire que quand on a deux grippes, on les met dans la même chambre pour gagner de la place. C'est un vrai Tetris, ce que nous faisons quotidiennement, comme tous les autres hôpitaux pour le moment."
3. Le vaccin contre la grippe est de plus en plus boudé. Noémie Volders, pharmacienne, le constate : elle a vacciné deux fois moins de patients cette année.
"Les gens ont fort banalisé avec le Covid. D'ailleurs, j'ai eu plus de vaccinations Covid que de vaccinations grippe. On ne parle que du Covid, donc quand les gens viennent se protéger, on leur propose la vaccination grippe, ils nous disent non, 'ça va, c'est pas fort grave comme maladie, donc non, je ne vais pas le faire'", témoigne-t-elle.
Bonne nouvelle, le pic de l'épidémie est désormais passé. Les hôpitaux devraient bientôt retrouver une relative stabilité dans les prochains jours.