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La colère des agriculteurs a mis en avant un paradoxe.Certains pesticides sont interdits chez nous. Mais, ils sont produits en Belgique pour être vendus à l'étranger dans des pays qui exportent ensuite leurs récoltes chez nous. Nous consommons donc les pesticides que nos agriculteurs ne peuvent pas utiliser. Une aberration que promet de corriger le gouvernement.
Des pesticides aux noms imprononçables : carbendazime, acétochlore, thiaméthoxame, sont au cœur d’une campagne de communication de l’organisation Humundi. Elle s’est battue pour que ces produits dangereux qui sont interdits chez nous, ne puissent plus être vendus en dehors de l’Union européenne. Jonas Joccard est l’un de ceux qui a voulu dénoncer cette situation absurde. "Ces produits sont produits dans plusieurs pays européens et la Belgique est dans le top 3 des plus gros exportateurs, avec la France et l’Allemagne", précise le responsable de la communication de Humundi.
On va abîmer l’environnement ailleurs, mais ça vient se retourner contre nous
Il y a environ 200 produits phytosanitaires interdits dans L’Union. Une quinzaine sont conçus en Belgique. Des produits dangereux pour la santé et l’environnement vendus à des paysans, africains, asiatiques ou sud-américains qui les utilisent pour faire pousser des aliments, mais qui nous reviennent parfois sous forme d’importations.
"On crée une espèce d’aberration, à la fois écologique et pour la santé. On va abîmer l’environnement ailleurs, mais ça vient se retourner contre nous. Et c’est pour ça que les agriculteurs le contestent parce qu’on réimporte ces produits mauvais pour la santé, à travers les fruits, les légumes, les céréales qu’on met ensuite sur le marché chez nous", éclaire Nicolas van Nuffel, le responsable recherche et programmes CNCD-11.11.11.
Au mois de juin dernier, la Belgique, sous l’impulsion de la ministre fédérale du Climat, a décidé d’interdire cette pratique.
"Pour Zakia Khattabi, il était inconcevable qu’on puisse depuis la Belgique exporter hors des frontières de l’Union européennes une série de produits phytosanitaires qui sont interdits d’usage sur le sol européen, en raison de leur nocivité sur la triple santé : humaine, environnementale et animale", souligne Adrien Volant, le porte-parole de la ministre du Climat et de l’Environnement.
Une interdiction effective en mai 2025
La Belgique est donc le deuxième Etat membre de l’Union, après la France à décider de cette interdiction. Deux états sur 27, ce n’est pas énorme, mais c’est un début. L’idée maintenant, c’est de convaincre la Commission européenne de généraliser la mesure.
"Bien sûr, on aimerait que cette mesure fasse un effet boule de neige. La ministre avait annoncé le 23 juin dernier justement qu’elle allait plaider au niveau européen pour une interdiction et c’est ce qu’elle va faire en avril prochain où elle organise une conférence dans le cadre de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne", affirme encore Adrien Volant, le porte-parole de la ministre du Climat et de l’Environnement.
L’interdiction sera effective au mois de mai 2025 : un délai accordé à l’industrie pour s’adapter. Une industrie qui pourrait aussi simplement décider de produire ailleurs et poursuivre la vente de ces pesticides.