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80 ans de la bataille des Ardennes. À l’époque, les conditions hivernales rudes ont joué un rôle. Elles ont notamment freiné la progression des soldats. Aujourd’hui encore, l’hiver peut influencer le déroulement d’un conflit, en Ukraine par exemple, il peut avoir un impact, même les avancées technologiques limitent désormais cet impact.
Il y a 80 ans, lors de la bataille des Ardennes, des soldats progressent difficilement dans la neige, qui atteint parfois 40 à 50 cm d'épaisseur. Pendant la bataille, ils doivent affronter des températures glaciales, parfois jusqu’à -20 degrés. "Certains avaient un équipement adapté, d'autres non. Certains se sont retrouvés avec des tenues d'automne, inadaptées pour la guerre", explique Mathieu Billa, directeur du Bastogne War Museum.
Des conditions difficiles
La neige, le froid, le gel et des chemins souvent impraticables rendent les déplacements particulièrement difficiles. En décembre 1944 et janvier 1945, ces conditions compliquent la progression des véhicules et ralentissent l’avancée des troupes. "Dans les forêts, on ne peut pas toujours passer avec des véhicules. Il faut donc transporter le ravitaillement, la nourriture et les munitions à pied, en portant tout le matériel à travers les bois", ajoute Mathieu Billa.
Les conditions hivernales jouent un rôle stratégique déterminant dans cette bataille. Le 16 décembre, c’est d'ailleurs le mauvais temps qui pousse Hitler à lancer son offensive. "Hitler voulait profiter de ces conditions hivernales qui clouaient l’aviation alliée au sol, lui permettant de jouer sur l’effet de surprise et de progresser plus rapidement", explique Billa. Cependant, cette stratégie ne lui permettra pas de remporter la victoire.
Qu'en est-il aujourd'hui ?
Aujourd’hui encore, l’hiver reste un facteur stratégique. En Ukraine, il pourrait influencer le cours des événements. "La météo continue d'avoir un impact sur la planification opérationnelle, mais son importance et sa nuisance sont moins grandes qu'autrefois", précise Alain De Nève, chercheur à l’Institut Royal de la Défense. "On le voit, les opérations militaires en Ukraine utilisent de plus en plus des moyens de frappe à distance."
Tout comme durant la bataille des Ardennes, l’hiver pourrait freiner certaines offensives. Mais les progrès technologiques atténuent désormais cet impact. "Mis à part les conditions de froid pour les soldats, le matériel reste capable de fonctionner malgré tout. Aujourd’hui, l'équipement est beaucoup plus résistant. Toutefois, des problèmes peuvent encore survenir, notamment avec l’électronique embarquée."
Selon l’expert, si cet hiver s’avère particulièrement rigoureux, les Russes pourraient en tirer plus d’avantages que les Ukrainiens, notamment en raison de leur capacité à mobiliser plus facilement des hommes pour remplacer les soldats éprouvés.