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Deux millions de Belges n'utilisent pas les services en ligne proposés par les banques. Cela concerne surtout les plus de 75 ans. Une fracture numérique avec une difficulté supplémentaire : les agences dans lesquelles ils effectuent les opérations de base disparaissent progressivement.
André, un Bruxellois de 81 ans, a horreur des applications bancaires. "Les codes, les petites zapettes, les appareils,… ça m’emmerde, tout simplement", lâche-t-il. Il s’est rendu ce matin à son agence en voiture afin d’y effectuer une simple opération : un virement bancaire. Il préfère utiliser un selfbank, plutôt que de se connecter à internet. "Je ne préfère pas que mes données bancaires circulent à mon insu", craint-il.
Comme lui, près de 2 millions de Belges n’utilisent jamais les sites et applications bancaires. Et selon l’organisme Financité qui a étudié le phénomène, la tranche d’âge la plus touchée, est celle d’André.
"On sait que 16% des personnes entre 16 et 75 ans n’utilisent pas la banque en ligne, révèle Morgane Kubicki, responsable communication chez Financité. Et pour les 75-89 ans, ce pourcentage atteint 46%". Ces 46% représentent 507.000 personnes qui préfèrent donc le contact humain. Car parfois, un coup de pouce, ce n’est pas de refus. "J’ai une mère qui a 90 ans et pour elle, l’utilisation d’un ordinateur est devenue compliquée, dit une cliente en sortant d’une banque. Je dois le faire pour elle alors que j’habite à l’étranger".
Mais attention aux idées reçues : les exclus de la banque en ligne sont aussi des jeunes. "Il y a des personnes handicapées, par exemple mal voyantes pour qui cette digitalisation n’est pas adaptée", entame Morgane Kubicki. "Et puis on sait aussi qu’il y a un lien très fort entre la précarité et l’utilisation de la banque en ligne. Par exemple : pour utiliser la banque sur un smartphone, vous devez mettre régulièrement votre application à jour. A un moment, on vous demandera d’avoir un téléphone dernière génération pour pouvoir le faire, et ça, ce n’est pas à la portée de tout le monde" .
Depuis 2011, la Belgique a perdu 78 % de ses agences. Et celles qui restent, sont pour la plupart privées de leurs selfkbank ou distributeurs de billets. L’association Financité demande aux banques de ne pas oublier une partie de leurs clients et d’éviter d’en faire des laissés pour compte de la digitalisation.