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Quelle est l'idéologie de la N-VA aujourd'hui? "Il y a une énorme évolution"

L'homme qui pourrait occuper le 16 rue de la Loi est aussi celui qui a fait de la N-VA le parti le plus puissant de Flandre. Quelle est la vision des choses la formation politique de Bart de Wever? L'idéologie de la N-VA a-t-elle ou va-t-elle changer maintenant que le parti sera aux affaires ?

Cela fait plus de 20 ans que Bart De Wever est président de la N-VA, la Nouvelle Alliance Flamande. La N-VA naît en 2001, sur les cendres de la Volksunie, parti flamand qui trouve son fondement dans l'autonomie et la reconnaissance d'une Flandre indépendante. "Je ne suis pas contre la Belgique, je suis plutôt pour la Flandre", nuançait-il malgré tout sur Bel RTL en 2007.

Depuis 2008, la formation de Bart De Wever enchaîne les succès électoraux et les participations à tous les niveaux de pouvoir. Mais fondamentalement, est-ce que les valeurs de la N-VA ont changé ?

Pour répondre à cette question, le rendez-vous est pris au cœur du Parlement avec Wouter Verschelden, journaliste, auteur et grand connaisseur du parti et de son président.

C'est une énorme évolution qui a modéré aussi les points de vue communautaires

"Il y a une énorme évolution par rapport au début, la naissance par la Volksunie. C'était vraiment les plus durs, les plus purs séparatistes de Volksunie qui ne voulaient pas, notamment, rejoindre le Vlaams Belang, ça a toujours été une nuance très importante. C'était une petite bande d'amis en fait, qui a évolué en un jeu de pouvoir. Bien sûr, c'est une énorme évolution qui a modéré aussi les points de vue communautaires.", raconte-t-il.

Modérer ses aspirations parce que pour grandir, c'était une nécessité. La chercheuse Émilie Van Haute, politologue au centre d'étude de la vie politique de l'ULB, s'est penchée sur l'histoire et l'évolution du parti. "C'est un parti qui avait commencé avec des électeurs et des adhérents purement axés sur les questions communautaires. Mais ça, c'est 7 % de l'électorat, maximum, et c'est 10 000 adhérents. Mais si on veut grandir, comme le parti l'a fait, jusqu'à 30 % voire au-delà des électeurs et 40 000 adhérents, il faut aussi pouvoir parler à ces personnes-là.".

Le confédéralisme, le nouvel objectif de la N-VA

En 2016, Bart De Wever est au pouvoir à Anvers, en Flandre et au fédéral. Il avait alors accepté de mettre au frigo l'institutionnel pour gouverner avec Charles Michel. Et caressait encore, face caméra, le rêve d'une Flandre indépendante : "Je n'ai jamais vu l'indépendance comme un but, c'est seulement un moyen pour avoir une gouvernance démocratique pour les deux communautés de notre pays", précisait le président de la NAVA.

Si on peut protéger la prospérité de chaque citoyen, faire respecter la démocratie au nord et au sud, ça suffit

Aujourd'hui, l'indépendance de la Flandre est toujours inscrite dans le programme du parti. Mais Bart De Wever affirme être résolu à se contenter de confédéralisme. "Si on pouvait organiser notre pays d'une façon confédéraliste, je pense que ça suffit. Si on peut protéger la prospérité de chaque citoyen, faire respecter la démocratie au nord et au sud, ça suffit."

 

La N-VA reverrait donc ses prétentions communautaires à la baisse, du moins pour l'instant. En revanche, elle s'est droitisée avec les années sur le plan des valeurs morales. "C'est un parti qui tient de plus en plus un discours anti-wokisme, donc toute une série de positionnements sur des questions de genre, mais aussi des questions de style de vie qui prend des positionnements plus conservateurs sur ces questions-là", rappelle Émilie Van Haute

Un parti, intialement, anti-monarchie

Bart De Wever, reçu en audience au Palais Royal... L'image est aujourd'hui banale. C'était pourtant l'une de ses cibles préférées il y a quelques années encore. "La monarchie, c'est une institution de l'ancien régime qui n'accorde pas avec les principes démocratiques du temps moderne", nous disait-il en 2007. "Si on trouve une majorité démocratique pour le supprimer, on le fera."

C'est un séparatiste pur et dur qui tient les clés du pays

"Au début, la N-VA avait vraiment des difficultés à développer un rapport avec le roi, c'était quand même le père encore, Albert II", fait remarquer Wouter Verschelden. "Avec ce Roi-ci, avec Philippe, on constate que la coopération va très bien, mais ça reste quand même un rapport bizarre un peu, parce que c'est un séparatiste pur et dur qui tient les clés du pays."

Au pouvoir en Flandre depuis 20 ans, une deuxième participation au pouvoir fédéral qui commence. Il faudra tout de même que l'électeur flamand, en mal d'indépendance, s'y retrouve au bout du compte. Sinon, pour les aspirations autonomistes de Bart De Wever, ce pourrait bien être le début de la fin.

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