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Les proches des victimes des Tueurs du Brabant n'avaient pas de mots assez durs pour qualifier leur déception et leur incompréhension face à l'annonce qui leur a été faite vendredi de la fin de l'enquête sur ce dossier vieux de presque 40 ans.
Malgré des années d'investigations, la lumière n'a en effet jamais pu être faite sur ces vagues de braquages meurtriers dans les supermarchés en 1983 et 1985. Des milliers d'empreintes digitales vérifiées, des centaines d'échantillons d'ADN comparés. En vain. La justice a clos le dossier des "tueurs du Brabant", une série de braquages sanglants qui avait traumatisé la Belgique il y a 40 ans et restera probablement à jamais inexpliquée. Vingt-huit personnes au total y ont perdu la vie.
"Tous les actes d'enquête possibles ont été effectués (...) Malheureusement nous n'avons pas été en mesure de faire remonter la vérité à la surface", a déclaré la cheffe du parquet fédéral, Ann Fransen, lors d'une conférence de presse. Elle a dit regretter "le nouveau coup de massue" que représente cette annonce pour les familles, tout en soulignant la nécessité d'être "clair et transparent" avec elles.
"Je n'ai pas les mots"
L'avocat Kristiaan Vandenbussche représente plusieurs parties civiles victimes de l'attaque du Delhaize d'Alost le 9 novembre 1985, qui avait fait 9 morts. "Nous, les familles, devons accepter cette annonce, mais ce n'est pas acceptable comme décision. La Justice n'a pas réussi à trouver les coupables. Je n'ai pas de mots pour ça", a-t-il réagi.
Il s'est dit très ému par l'annonce de la clôture de l'enquête et a dénoncé l'attitude de la gendarmerie au début de l'enquête. "Ce sont les gens qui doivent protéger les victimes. C'est la gendarmerie qui a fait le sabotage de l'instruction et c'est ça le problème."
Autre victime, Christine Nijs, qui a perdu son frère et sa nièce lors de ce même braquage à Alost, alors qu'elle avait 24 ans. "On a un peu de foi en l'enquête si quelqu'un travaille encore dessus. Mais là, il n'y a désormais plus personne", regrette-t-elle.
"Cela veut dire que l'on n'aura jamais de réponses, jamais de justice non plus. Il n'y a pas beaucoup de faits en Belgique où l'on peut dire cela... Et c'est un grand problème pour beaucoup de familles", a-t-elle confié.
"C'est un choc pour tout le monde, tant pour les victimes que pour leurs proches. La plupart vivent mal cette annonce. L'injustice est grande!", a-t-elle résumé.
Christine Nijs s'interroge sur les suites à donner à cette décision, à laquelle elle s'attendait. "On n'est pas d'accord avec ça, on ne doit pas l'être. On ne peut pas dire 'merci pour tout ce que vous avez fait'. On va voir ce que l'on va faire et demander."
"C'est l'enterrement du dossier, ça me rend très triste", a également réagi Irena Palsterman, dont le père est une des huit victimes de l'attaque du supermarché Delhaize d'Alost, le 9 novembre 1985.
La fermeture du dossier doit en effet encore être déclarée par la chambre du conseil, devant laquelle il sera fixé prochainement. Les victimes auront toujours la possibilité de consulter le dossier et éventuellement de demander des actes d'enquête supplémentaires, mais sans garantie que la chambre du conseil les ordonne.