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Après 39 ans d'enquête, l'affaire des tueries du Brabant est en passe d'être refermée. Au total : 29 morts, un dossier d'un million de pages et toujours aucun coupable. Demain, les familles des victimes sont conviées à une séance d'information.
Depuis presque 40 ans, Patricia cherche à savoir par qui et pourquoi son père a été assassiné en 1985 à Overijse. Elle refuse de croire que l'on puisse arrêter les recherches. "C'est quelque chose qu'on ne peut pas admettre. Ils ont quand même tué des gamins. Et on devrait laisser tomber l'enquête ? Non, je ne suis pas du tout d'accord", s'indigne-t-elle.
Lionel Ruth était l'un des chefs d'enquête. Il a consacré 25 ans de sa carrière à chercher les tueurs. La perspective d'une clôture du dossier résonne comme un échec. "Je vais dire simplement que je suis très triste parce que si on devait s'arrêter dans un constat d'échec, ce serait un échec pour tout le monde. On a tous une responsabilité. C'est une décision qui peut paraître logique, mais je me demande si tout a été fait pour arriver à une réponse finale".
Le 13 mai dernier, Patricia recevait un courrier de la juge d'instruction. Celle-ci invite les victimes à une séance d'information et leur apprend qu'elle a transmis son dossier au parquet. Autrement dit, tous les devoirs d'enquête ont été réalisés sans succès. Cependant, Patricia veut garder espoir. "(...) Je pense que tant qu'on n'a pas trouvé, il ne faut pas s'arrêter. La recherche médicale, c'est la même chose. Ils recherchent jusqu'au moment où ils trouvent".
Le dossier compte près d'un million de pages. Cinq juges d'instruction se sont succédé. Deux commissions d'enquête parlementaires ont analysé les pistes. Pour le chef d'enquête, les causes de l'échec remontent aux premiers faits en 82 et 83. "C'était fort éclaté et on ne travaillait pas tous de la même manière. Mais quand les parquets ont été dessaisis, on n'a récupéré que les dossiers d'instruction et pas ce que j'appelle le noyau des enquêteurs, qui est quand même très important dans les dossiers non élucidés", explique Lionel Ruth.
L'un et l'autre veulent encore croire que la vérité surgira, un jour peut-être. "Mon rêve le plus fou, c'est de rencontrer un jour un des auteurs entre quatre yeux", témoigne Patricia.
Demain, une page essentielle de l'histoire judiciaire belge va sans doute se tourner, sans qu'on ait le mot de la fin.