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Affaire des tueurs du Brabant : l'enquête en passe de se refermer

28 morts, 39 ans d’enquête, un dossier de près d’un million de pages et pas de coupables, c’est un constat d’échec qui sera annoncé vendredi aux familles de victimes des tueurs du Brabant.

Le 13 mai dernier, les familles des victimes recevaient un courrier laconique de la juge d’instruction en charge de l’affaire, Martine Michel. Celle-ci les invite à une séance d’information vendredi matin au Justitia. "Cette réunion fait suite à l’ordonnance de soit-communiqué du 11 avril 2024", peut-on lire. En clair, la juge d’instruction estime que son enquête est terminée, elle a transmis son dossier au parquet fédéral. À charge pour lui de rédiger des réquisitions. Faute d’auteurs identifiés, le réquisitoire devrait conclure à un non-lieu général et à fin des enquêtes.

Ce n’est pas faute d’avoir cherché tous azimuts. Depuis la piste d’une déstabilisation de l’état par des puissances étrangères jusqu’à celle de criminels prédateurs en passant par les hypothèses d’un racket sur la firme Delhaize, des exécutions ciblées ou encore, parmi d’autres, de la possible implication de groupuscules d’extrême droite qui auraient infiltré la gendarmerie, les directions d’enquête ont varié au fil des années. Sans jamais aboutir à des preuves concrètes.

Cinq juges d’instruction se sont succédé, des centaines de noms d’auteurs potentiels émaillent le dossier, un procès a même eu lieu, celui des borains finalement blanchis en 1988 et deux commissions d’enquête parlementaire se sont penchées sur les pistes à explorer, mais rien n’y fit. Même la récompense d’un million d’euros offerte par Delhaize à celui qui apporterait une information essentielle est restée lettre morte. Ces dernières années encore, on y a cru. La piste Bonkoffsky, du nom de cet ancien gendarme soupçonné un temps d’être le géant, a finalement été refermée. Les perquisitions en 2023 au domicile thaïlandais de Robert Beijer, un autre gendarme devenu voyou, n’ont rien apporté de neuf. L’ADN, inconnu en 1985, allait-il enfin parler ? Plusieurs centaines de prélèvement d’ADN ont été effectués, une centaine de corps ont même été exhumés, toutes ces empreintes génétiques ont été comparées aux banques de données. En vain!

Il y a quelques semaines, une nouvelle loi était promulguée. Elle supprimait la prescription pour ces crimes. Peu importe le temps qui passe, les poursuites doivent toujours être possibles avait estimé le législateur. Mais où chercher encore ? Faut-il persévérer jusqu’à une hypothétique élucidation, entretenir cette illusion ou au contraire, admettre l’échec avec la frustration que cela implique ? La justice se résout à cette dernière solution. Reste encore la possibilité de devoirs d’enquête complémentaires. Certains ont déjà été réclamés par des parties civiles. Fin septembre, la chambre des mises en accusation dira s’il faut les effectuer. Si ce n’est pas le cas, l’enquête sera définitivement refermée, sans doute début 2025. À moins qu’un élément neuf et significatif ne vienne relancer les recherches, par exemple, la découverte des riot gun des auteurs…Sait-on jamais!

Pour les familles de victimes, la réunion de vendredi risque de doucher les derniers espoirs de savoir par qui et pourquoi leurs proches ont été assassinés. Pour tous ceux qui se souviennent de ces années sombres, c’est une page essentielle de l’histoire judiciaire qui va se tourner sans qu’on ait le mot de la fin.

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