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Demain, ce sera aussi l'anniversaire du roi Albert II qui fêtera ses 90 ans. Faites le calcul : il avait donc 10 ans le jour du Débarquement. Une date liée aussi, pour lui, à des souvenirs... très douloureux.
Juin 1944, le prince Albert se trouve à Ciergnon avec ses frères Baudouin et Alexandre et sa sœur Joséphine-Charlotte. Leur père, Léopold III, les y a envoyés quelques semaines plus tôt pour les protéger des bombardements à Bruxelles.
Le matin du 6 juin, les enfants apprennent une heureuse nouvelle : le débarquement a lieu. "C'est là qu'Albert apprend le débarquement en Normandie, c'est la source d'une très grande espérance de voir les souffrances de la guerre enfin achevées", note Vincent Dujardin, historien à l'UCLouvain. "Et puis, c'est le jour de son dixième anniversaire. Il est né le 6 juin 34 et la joie sera cependant de courte durée".
En effet, le matin même, au château de Laeken, les nazis informent le roi Léopold III qu'ils s'apprêtent à l'emmener en Allemagne. "Le prince Albert reçoit un coup de téléphone de son père qui lui annonce qu'il sera déporté le lendemain et lui ajoute que peut-être qu'ils ne se reverront plus jamais", explique l'historien. La joie des princes vire au cauchemar : ils se retrouvent eux aussi sur les routes de la déportation. Un voyage très éprouvant, d'autant qu'Albert souffre des oreillons.
"Il y a une nuit abominable où les trois enfants ont été abandonnés dans une voiture fermée à clé au bord d'une gare", narre Bernard de Traux de Wardin, ami intime du roi Albert II. "Le but était évidemment que si bombardement, il y avait pendant la nuit, une bombe puisse éventuellement tomber sur cette voiture-prison, c'est horrible".
La famille retrouvera finalement le roi Léopold III en Allemagne, au château d'Hirschtein. Mais ce jour du 6 juin 1944 restera gravé à jamais dans la mémoire d'Albert. "C'est indubitablement un traumatisme, mais aussi une explication de cette relation exceptionnelle qui s'est nouée entre ces trois enfants", note l'ami du Roi.
À la fin de la guerre, la déportation fera place à cinq années d'exil en Suisse. Une partie des Belges et des ministres s'opposent au retour du roi Léopold III. Ils lui reprochent son attitude neutraliste pendant la guerre. Ce n'est qu'en 1950 que le prince Albert pourra retrouver son pays.